Un plébiscite pour l’un, une terrible déconvenue pour l’autre. Le match à deux pour la présidence de la Fédération internationale de gymnastique (FIG) a tourné court, mercredi 19 octobre à l’Hôtel Hilton Odaiba de Tokyo. Le Japonais Morinari Watanabe a été élu dans un fauteuil. Il a devancé son unique rival, le Français Georges Guelzec, avec une marge difficilement envisageable à la veille du scrutin.
Les chiffres se passeraient presque de commentaires. A l’heure du décompte, Morinari Watanabe a récolté 100 voix sur les 119 suffrages exprimés. Georges Guelzec en a obtenu seulement 19. Le vote n’a pas enregistré une seule abstention.
A 57 ans, Morinari Watanabe devient le neuvième président de la FIG depuis la création de l’organisation. Il prendra officiellement ses fonctions le 1er janvier 2017, en remplacement de l’Italien Bruno Grandi, en poste depuis 20 ans. Il devient aussi le premier président japonais d’une fédération internationale d’un sport olympique depuis la disparition en 1994 de son compatriote Ichiro Ogumira, l’ex président de l’ITTF.
L’écart est abyssal. Certes, le Japonais jouait à domicile, à Tokyo, la ville des prochains Jeux. Il avait mené campagne pendant deux ans, sur les cinq continents, multipliant les voyages à la rencontres des électeurs. Mais Georges Guelzec avait lui aussi préparé son affaire depuis près de deux ans. Il n’est surtout pas un inconnu dans l’univers de la gymnastique, puisqu’il préside l’Union européenne (UEG).
De son propre aveu, le Français a perdu l’élection faute d’avoir su faire le plein de voix dans son propre camp. Morinari Watanabe a rallié le continent asiatique et le bloc américain. C’était prévu. Mais, moins attendu, il a également été chercher une bonne partie des suffrages européens.
Georges Guelzec espérait avoir rassemblé les bonnes cartes en proposant un solide projet sportif, censé accélérer l’évolution de la gymnastique mondiale pour « demain et après-demain. » Mais Morinari Watanabe, secrétaire général de la Fédération japonaise de gymnastique et membre de la commission exécutive de la FIG, s’est montré plus convaincant. Il a su faire pencher la balance de son côté en promettant d’attirer les nombreux sponsors des Jeux de Tokyo 2020. Il a également assuré qu’il ferait en sorte de placer la gymnastique en tête des sports à l’échelle planétaire, devant le football. Le Japonais a su faire rêver.
Pour Georges Guelzec, le coup est rude. Au-delà de la déception personnelle, sa défaite s’inscrit dans une série d’échecs du mouvement sportif français. Au cours des derniers mois, les candidats français au poste suprême d’une fédération internationale ont tous été battus, parfois très sévèrement. Pierre Durand, le champion olympique de saut d’obstacles, a échoué dans sa tentative de présider la Fédération équestre internationale (FEI). Didier Gailhaguet a connu un sort identique dans la course à la présidence de l’Union internationale de patinage (ISU). Au printemps 2015, Jean Gracia avait été devancé par Svein-Arne Hansen pour la présidence de l’Association européenne d’athlétisme.