Thomas Bach a le sens de la hiérarchie. Présent à Tokyo, où il est l’invité ce jeudi 20 octobre du Forum mondial du sport, le président du CIO s’est offert en guise d’échauffement une série de rencontres avec les autorités japonaises aux manettes des Jeux de 2020. Hasard ou pas, il l’a fait en respectant un ordre très diplomatique, une attention toujours très appréciée au Japon.
Mardi 18 octobre, Thomas Bach a débuté sa tournée en rendant visite à Yuriko Koike, la nouvelle gouverneure de Tokyo. Une entrevue où le ton était clairement au rappel à l’ordre. Le président du CIO a martelé devant son hôte que les Japonais étaient priés de respecter leurs promesses de candidats. Pas question, donc, de jouer avec la carte des futurs sites olympiques comme s’il s’agissait d’un vulgaire brouillon.
Le même jour, Thomas Bach est monté d’un cran sur l’échelle du pouvoir en se rendant dans les bâtiments du gouvernement japonais, où l’attendaient Hirokazu Matsuno, le ministre de l’Éducation, de la Culture, des Sciences du sport et de la Technologie, et Tamayo Marukawa, son homologue en charge des Jeux olympiques. Même discours: « Travaillons ensemble pour réduire les coûts des JO de 2020, mais dans le respect des athlètes et des promesses de la candidature. »
Mercredi 19 octobre, Thomas Bach a bouclé sa tournée par le rendez-vous ultime: Shinzo Abe, le Premier ministre japonais. Le sommet. Le must. Une entrevue organisée dans la résidence officielle du chef du gouvernement à Tokyo. Cette fois, pas question de taper sur les doigts de son hôte. Les deux hommes ont évoqué le Jeux de Tokyo, certes, mais sur un ton beaucoup plus visionnaire. Le président du CIO a suggéré à Shinzo Abe l’idée de déplacer certaines épreuves des Jeux de 2020 au nord de la capitale japonaise, dans la région touchée par le tsunami de 2011. Selon un communiqué du CIO, une telle mesure « contribuerait à la réhabilitation de cette zone et enverrait un message de confiance et d’espoir à la population de cette région. Elle montrerait également au reste du monde comment cette réhabilitation progresse ».
Les Japonais y avaient déjà pensé. L’idée de confier à la région de Fukushima certaines épreuves des Jeux de 2020 est dans l’air depuis l’an passé. Mais Shinzo Abe l’a accueillie comme une belle initiative. Il a assuré qu’il « voyait d’un très bon œil cette proposition visant à organiser certaines compétitions sportives dans les zones dévastées afin d’aider à la reconstruction. »
Dans le détail, la proposition de Thomas Bach consiste à organiser à Fukushima certaines rencontres des tournois olympiques de baseball et softball, deux des sports inclus dans le package des cinq nouveaux admis aux Jeux de Tokyo (avec l’escalade, le karaté, le surf et le skateboard). « Nous allons devoir évaluer tout cela, mais le baseball et le softball font partie des possibilités que l’on discute actuellement, vu la grande popularité de ces sports au Japon, a précisé Thomas Bach. Un match d’ouverture de baseball, avec l’équipe japonaise, ce serait je pense un message très fort, mais ce n’est pas la seule option que l’on envisage. »
La proposition doit maintenant être discutée par la commission exécutive du CIO et le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020. A ce stade de l’histoire, on imagine mal les Japonais la renvoyer aux oubliettes.
Pas un mot, en revanche, sur l’option envisagée par les Japonais de déplacer dans la préfecture de Miyagi les épreuves d’aviron et canoë-kayak course en ligne. Silence radio. Pas un mot de Thomas Bach, non plus, sur la possibilité évoquée depuis plusieurs jours par la presse japonaise de les organiser en Coorée du Sud, sur le magnifique bassin de Chungju, hôte des championnats du monde d’aviron en 2013.