Le timing aurait pu être pire, certes, mais il se révèle très délicat. A 10 mois du vote du CIO pour la ville-hôte des Jeux d’été en 2024, les Etats-Unis vont se choisir un nouveau président. A l’échelle de la candidature de Los Angeles, en lice avec Paris et Budapest, l’élection présidentielle pourrait constituer un moment clef de la campagne. Une étape sans doute positive dans l’hypothèse d’une victoire de la démocrate Hillary Clinton. Mais, à l’inverse, un scénario catastrophe dans l’éventualité d’un succès du républicain Donald Trump.
Le quotidien américain USA Today s’est interrogé sur les conséquences pour Los Angeles 2024 d’une victoire du milliardaire. Ses conclusions s’avèrent peu nuancées. Après avoir interrogé quatre personnes très impliquées dans la candidature, s’exprimant sous couvert d’anonymat, USA Today suggère que la cote du projet californien pourrait baisser radicalement avec une Amérique présidée par Donald Trump. L’un des acteurs du dossier suggère qu’un succès du républicain mardi prochain atteindrait 8,5 à 9 points sur 10 sur l’échelle de la catastrophe pour la candidature de Los Angeles. Un autre compare un tel scénario au pire film de désastre.
En cause, les propos islamophobes, sexistes et xénophobes répétés sans lassitude par Donald Trump d’un bout à l’autre de sa campagne. Selon les proches du dossier, ils pourraient coûter à la candidature de Los Angeles des voix précieuses parmi les membres féminines du CIO, tout comme parmi les représentants des pays arabes et d’Amérique Latine.
Régulièrement interrogés sur cette question, au cours des derniers mois, les porteurs du projet californien ont souvent répété que l’élection américaine n’entrait pas dans leur stratégie. « Nous n’avons aucune maîtrise de ce qui peut s’y passer, et le sujet des Jeux de 2024 n’a pas été abordé pendant la campagne », avait expliqué à FrancsJeux Casey Wasserman, le patron de Los Angeles 2024, à l’occasion d’un entretien en avril dernier en marge de la Convention SportAccord à Lausanne.
En août dernier, le maire de Los Angeles, Eric Garcetti (ci-dessus), a été questionné sur le cas Donald Trump lors de la conférence de presse officielle de LA 2024 aux Jeux de Rio. Il n’a pas éludé, assurant qu’une « Amérique qui se replie sur elle-même, comme n’importe quel autre pays, n’est pas une bonne chose pour la paix dans le monde, pour le progrès et pour nous tous. » Mais lui aussi avait nuancé: « Le sport transcende la politique. Cette candidature ne dépend pas d’une élection. »
Il n’empêche, une victoire de Donald Trump conduirait sans doute les porteurs du projet à modifier leur stratégie de campagne. Selon USA Today, l’équipe de LA 2024 chercherait à prendre ses distances avec Washington et la Maison Blanche. Elle pourrait jouer une carte plus californienne et moins fédérale, avec l’objectif de se mettre à l’abri des conséquences géo-politiques de l’effet Donald Trump.
Paradoxe: Donald Trump peut se vanter d’entretenir un lien très fort et personnel avec l’idéal olympique. Il avait porté la flamme dans les rues de New York, en 2004, avant les Jeux d’Athènes.