Candidatures

Le référendum, arme fatale des opposants aux Jeux

— Publié le 13 février 2017

La mauvaise série continue. Après Hambourg, où la population a rejeté en novembre 2015 le projet de candidature aux Jeux d’été 2024, au tour des Grisons de voir un référendum briser net une ambition olympique. Invités à se prononcer par « votation » sur un crédit de candidature aux Jeux d’hiver en 2026, les citoyens du canton suisse ont voté non, dimanche 12 février. Un non massif. Une nouvelle illustration de l’impopularité actuelle de l’événement olympique dans une grande partie de l’Europe.

Les résultats de la consultation laissent peu de place au doute. Quatre ans après un refus nettement moins marqué (le non aux Jeux de 2022 l’avait emporté avec 53% des suffrages), les Grisons se sont prononcés très largement contre le projet de candidature. Le crédit de 25 millions de francs suisses (environ 23,5 millions d’euros) a été rejeté dimanche par 60,09% des votants. La participation a atteint 50,9%. Preuve de l’unanimité autour du refus des Jeux: même les stations de St-Moritz et Davos ont dit non.

Dans le détail, le crédit soumis au référendum prévoyait seulement 9 millions de francs suisses à prendre en charge par le canton. Le reste de la somme aurait été financé par la Confédération helvétique (8 millions) et le comité national olympique, Swiss Olympic (8 millions). A l’évidence, la population des Grisons s’est largement plus exprimée sur son refus des Jeux d’hiver que sur le crédit de la candidature. Une tendance inquiétante dans un pays où siège le CIO.

Commentaire sans nuance de Jon Domenic Parolini, le ministre de l’Economie des Grisons, au soir de la consultation: « Nous pouvons oublier tout projet olympique pendant des années, voire des dizaines d’années. »

Sur le principe, le retrait des Grisons ne modifie pas le processus élaboré par Swiss Olympic pour une éventuelle candidature aux Jeux d’hiver en 2026. Mais la course se réduit désormais à un seul concurrent, le projet construit autour de Sion, dans le Valais, auquel sont associés les cantons de Vaud (Lausanne, capitale olympique), Fribourg et Berne. Comme prévu, Swiss Olympic décidera le 7 mars de proposer, ou non, une candidature officielle à son parlement du sport. A ce dernier de la confirmer, ou non, lors d’une réunion prévue le 11 avril.

Le conditionnel reste dominant. Le paysage s’est éclairci. Swiss Olympic assure que les critères n’ont pas changé. L’organisation suggère que le projet de Sion 2026 sera officiellement désigné s’il respecte les exigences définies. Mais l’ambiance générale se révèle plus sombre. Jean-Philippe Rochat, le président du comité de candidature, ne s’y trompe pas. « Le non des Grisons n’est pas synonyme de voie royale pour Sion, a-t-il confié à l’annonce des résultats. Si nous sommes choisis le 7 mars, notre priorité sera la communication pour convaincre la population que Sion 2026 est un bon projet. »

Les Jeux font-ils encore rêver? Pour l’hiver, la réponse semble malheureusement négative. La bataille pour l’édition 2022 a été réduite à deux candidatures, Almaty et Pékin, après les refus successifs de St-Moritz, Stockholm, Cracovie et Oslo (Lviv, le projet ukrainien, a été retiré en raison de la crise politique dans le pays). Pour l’été, trois rivaux restent en course pour les Jeux de 2024. Los Angeles et Paris se sont bien gardées d’organiser un référendum. Budapest pourrait se voir contrainte d’y passer. Sombre perspective.