Les retardataires ou dilettantes sont prévenus: le feuilleton olympique accélère la diffusion de ses épisodes. Plus question de prendre son temps. Un événement chasse l’autre. En fin de semaine passée, une enquête du Monde a placé Frankie Fredericks en première ligne, révélant que l’ancien sprinteur avait reçu un versement de près de 300.000 dollars en octobre 2009, le jour même du vote du CIO pour l’attribution des Jeux de 2016, où il faisait office de scrutateur.
Lundi 6 mars, l’IAAF a annoncé que le Namibien ne faisait désormais plus partie de sa « taskforce » sur le dopage dans l’athlétisme russe. Le lendemain, Frankie Fredericks a fait savoir qu’il démissionnait de son rôle de président de la commission d’évaluation du CIO pour les Jeux de 2024.
Le même jour, son successeur a été désigné: le Suisse Patrick Baumann dirigera, à la place du Namibien, les visites et les travaux de l’équipe d’experts et d’officiels appelés à évaluer les dossiers de Los Angeles et Paris. Ouf.
Frankie Fredericks a commenté sa décision dans un court communiqué, où il explique: « Paris et Los Angeles présentent deux fantastiques candidatures et je ne souhaite pas devenir une distraction ».
En soi, le renoncement de Frankie Fredericks n’a rien de surprenant. Tout en reconnaissant son innocence, le Namibien se met en retrait du mouvement olympique et de son actualité. Logique. Toute autre position aurait été jugée peu acceptable, de sa part comme de celle du CIO.
Mais l’ex sprinteur ne fait pas dans la demie-mesure: il abandonne d’un coup toutes ses casquettes. L’organisation olympique l’a précisé dans un communiqué: Frankie Fredericks démissionne de son poste de président de la commission d’évaluation des Jeux de 2024, mais il a également « fait part de son intention de ne pas participer, en juillet à Lausanne, à la séance d’information sur les villes candidates 2024 pour les membres du CIO et les Fédérations Internationales des sports olympiques d’été, ni à la session du CIO en septembre à Lima, Pérou, durant laquelle la ville hôte 2024 sera élue. Qui plus est, M. Fredericks a décidé de renoncer à titre provisoire à ses fonctions au sein de la commission de coordination du CIO pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires 2018. »
En clair, le Namibien disparaît de la scène, sans certitude qu’il y mette à nouveau les pieds dans un avenir proche ou lointain. Il ne votera pas, le 13 septembre à Lima, au moment où les membres du CIO devront choisir entre Los Angeles et Paris pour les Jeux de 2024.
A sa place, un Suisse. Patrick Baumann, 49 ans, membre du CIO depuis 2007, président de SportAccord et secrétaire général de la Fédération internationale de basket-ball (FIBA). Une force montante de l’univers olympique, patron de la candidature de Lausanne pour les Jeux de la Jeunesse d’hiver en 2020. Précision: le Suisse figurait dans la liste des membres de la commission d’évaluation des Jeux de 2024.
A qui profite le changement? Difficile à dire. Patrick Baumann est francophone, un atout pour Paris. Mais Patrick Baumann est également le secrétaire général de la FIBA, un atout pour Los Angeles. Une seule certitude: la voix de Frankie Fredericks n’ira à personne, le 13 septembre prochain, à Lima.