Les Britanniques ont souvent le goût du symbolique. Brian Cookson n’y fait pas exception. Le dirigeant anglais, patron de British Cycling depuis seize ans, a choisi Paris pour dévoiler son programme électoral pour la présidence de l’Union Cycliste Internationale. Il l’a fait dans le salon très rococo d’un hôtel du Boulevard Haussmann, situé à un jet de pierre de l’immeuble où a été créée l’UCI, un jour de l’année 1900.
Dans ses grandes lignes, le « manifeste » de Brian Cookson, 61 ans, réserve peu de surprises. Candidat à la succession de l’Irlandais Pat McQuaid, le Britannique a construit son programme autour d’une double mission, « Restaurer la confiance, conduire le changement », et de six promesses :
Restaurer la confiance en l’UCI
Transformer la politique antidopage du cyclisme
Développer le cyclisme partout dans le monde
Développer le cyclisme féminin
Restructurer le cyclisme sur route d’élite
Renforcer la crédibilité du cyclisme et son influence au sein du mouvement olympique.
Rassembleur mais attendu. Précis mais assez classique. Dans le détail, le Britannique s’avère plus audacieux. Il s’engage, en effet, à créer une unité antidopage complètement indépendante, gérée et régie en dehors de l’UCI, en étroite collaboration avec l’AMA. Cette unité serait physiquement et politiquement séparée de l’UCI, responsable de tous les aspects de l’antidopage et rendrait des comptes à un Conseil tout à fait indépendant de l’UCI. Se présentant comme un champion de l’équité et de la transparence, Brian Cookson jure même vouloir en faire sa « priorité de président. »
Dans la même veine, l’Anglais s’engage à « ouvrir une investigation indépendante sur les allégations selon lesquelles l’UCI aurait contribué à couvrir des infractions au règlement antidopage ». Et, au passage, « mettre un terme aux querelles publiques de l’UCI avec des organismes antidopage tels que l’AMA, l’AFLD et l’USADA. » En clair, faire le ménage devant la porte de l’institution. Avec la volonté, évidente sans être exprimée, d’en finir une fois pour toutes avec les années Pat McQuaid.
Brian Cookson promet également d’introduire « une série de mesures de bonne gouvernance incluant la publication de tous mes intérêts financiers, de l’ensemble de ma rémunération et de tous les conflits d’intérêts potentiels vis-à-vis de mon rôle de Président. » Malin, il jure sur la Bible vouloir augmenter le budget du Centre Mondial du Cyclisme, pour accueillir davantage de coureurs en provenance des pays en développement. »
Autres projets : tenter d’obtenir le retour dans le programme olympique de certaines disciplines écartées, comme la poursuite individuelle et la course aux points, et militer pour l’entrée aux Jeux d’épreuves nouvelles, à l’image du BMX Freestyle ou du MTB Eliminator.
Enfin, Brian Cookson aime se donner une image de candidat résolument féministe. Il promet de créer une Commission du cyclisme féminin, de nommer au moins une femme dans chaque Commission UCI, d’établir un salaire minimum pour les coureuses professionnelles sur route ainsi que de formaliser des conditions de travail correctes et modernes.
Crédible ? A première vue, sûrement. Suffisant ? L’avenir répondra. Brian Cookson a plusieurs semaines devant lui pour mener sa campagne, avant l’élection à la présidence de l’UCI, prévue pendant les championnats du monde, en septembre 2013 à Florence. Le Britannique devrait pouvoir compter sur le soutien d’A.S.O, la société organisatrice du Tour de France, acteur incontournable du cyclisme mondial. Plusieurs de ses représentants avaient fait le déplacement vers le 9ème arrondissement de Paris, lundi 24 juin, pour écouter son programme. Parmi eux, Yan le Moenner, son président.