A chaque jour son annonce, pour l’équipe de Paris 2024. Dimanche, journée inaugurale de la visite de la commission d’évaluation du CIO, Bernard Lapasset avait révélé le nom du futur président du comité d’organisation en cas de victoire dans la course aux Jeux. Tony Estanguet. Un choix logique. Tout sauf une surprise.
Ce lundi 15 mai, le triple champion olympique de canoë s’est déjà donné des airs de maître à bord en dévoilant devant les médias, dans un salon du stade Roland-Garros, une autre initiative de la candidature française, elle aussi conditionnée à un succès face à Los Angeles. « Si nous l’emportons, nous ouvrirons les infrastructures des Jeux au public le lendemain de la cérémonie de clôture, a annoncé Tony Estanguet d’un air solennel. Les gens pourront essayer les sites. Nous voulons partager les Jeux. Dans notre vision, l’héritage ne se réduit pas à des équipements, il s’agit également d’inciter les Français à pratiquer le sport ». Pas mal.
A Los Angeles, la semaine passée, Patrick Baumann avait assuré que les membres de la commission d’évaluation avaient été « extatiques » en découvrant les sites de compétition. A Paris, lundi soir, le Suisse s’est refusé à oser un qualificatif. « Je vous le dirai demain, au terme de notre visite », a-t-il habilement esquivé. Mais ses propos n’ont trompé personne: la délégation du CIO, son président en tête, a apprécié sa journée dans Paris et ses environs. Et même sans doute plus que cela. « Nous avons reçu toutes les assurances dont nous avons besoin pour rédiger notre rapport, a expliqué le Suisse. La passion et l’enthousiasme de l’équipe de Paris 2024 sont très impressionnants. Pour trouver une faiblesse au dossier de Paris, il faudrait vraiment pinailler. »
Pour faire découvrir son dispositif à la commission d’évaluation, le comité de candidature a sorti le grand jeu. Un début de visite sur le site du futur village des athlètes, à Saint-Denis, avec un arrêt prolongé dans la Cité du Cinéma, prévue pour servir de salle de restaurant. « Un équipement tout à fait adapté », a estimé Patrick Baumann. Un passage dans le parc de la Villette, pour une démonstration de tir à l’arc. Un autre au Stade de France, où les attendait une colonie d’enfants de la Seine-Saint-Denis entraînés à la course à pied. A l’heure de la pause, un déjeuner sur une péniche. Bercy, le Parc des Princes, Versailles, Jean-Bouin… Les trois groupes de la commission ont coché toutes les cases. Avant de se retrouver, en fin de parcours, sur la terre battue de Roland-Garros.
A chaque étape, un comité d’accueil composé d’athlètes. Stéphane Diagana au village olympique; Lilian Thuram, Christine Arron, Alain Bernard et Eunice Barber au Stade de France; Brice Guyart et Pascal Gentil au Grand Palais… Bouquet final à Roland-Garros, où la commission d’évaluation a poussé la porte du court central pour y découvrir Marion Bartoli et Cédric Pioline tapant la balle avec des manières très appliquées, avant d’écouter Brahim Asloum, Tony Yoka et Estelle Mossely, tous champions olympiques de boxe, leur expliquer que le temple du tennis avait longtemps été aussi celui du noble art.
A l’évidence, l’attention portée par l’équipe parisienne à placer ses athlètes sur l’avant-scène a eu l’effet attendu. « Nous avons découvert les sites à travers les yeux des champions, olympiques, mondiaux ou européens, et des enfants qui formeront peut-être la génération 2024 », a confié Patrick Baumann.
La suite et fin s’annonce d’un même calibre. Au menu de ce mardi, une mise en jambes à l’Elysée. La petite troupe du CIO et de Paris 2024 est attendue par Emmanuel Macron à 8 h tapantes. « Un honneur pour le CIO et pour notre commission, confie Patrick Baumann. La preuve, également, que les autorités françaises sont à 200% derrière la candidature. »
Paris serait-elle désormais favorite? Anne Hidalgo s’interdit de le dire. « Dans une telle compétition, tout le monde veut gagner, mais personne n’est favori », avance-t-elle avec prudence. Mais la maire de Paris, fière de pouvoir suggérer que le projet « relie le sport, la culture, l’humanisme et l’écologie », peine à retenir sa confiance dans l’issue de la course. « Nous sommes au top, lâche-t-elle. Et nous allons le rester. »