Deux semaines séparent les Jeux olympiques de leur version paralympique. Tout juste le temps de changer de décor et refaire le plein des véhicules officiels. Mais il existe un monde d’écart entre les dirigeants de deux organisations internationales. Meilleur exemple: la question russe. Au CIO, la porte reste toujours ouverte. A l’IPC, elle se ferme au premier courant d’air.
Philip Craven, le président du Comité international paralympique, l’a expliqué lundi après-midi à Londres à l’occasion d’une conférence de presse: la Russie pourrait rester suspendue pour les Jeux d’hiver de PyeongChang 2018 si les conditions fixées par l’IPC ne sont pas toutes pleinement remplies d’ici septembre prochain. Chaque minute compte. Le compte-à-rebours ne marquera pas le moindre temps mort.
A la différence de Thomas Bach et du CIO, Philip Craven et l’IPC avaient choisi la manière forte l’an passé pour les Jeux de Rio 2016. Saisis d’effroi à la lecture du rapport McLaren sur le dopage dans le sport russe, ils avaient tranché dans le vif en prononçant la suspension de son comité paralympique et, par extension, de son équipe toute entière pour les Jeux de Rio. Le CIO, de son côté, avait laissé les fédérations internationales se coltiner elles-mêmes l’opération de nettoyage.
A neuf mois des prochains Jeux paralympiques, l’IPC ne semble pas prête à accepter les compromis. « Avec encore 291 jours avant PyeongChang 2018, il n’y a aucun moment à perdre, a posément expliqué Philip Craven. Le groupe de travail de l’IPC doit faire son rapport en septembre 2017. Si les conditions ne sont pas complètement remplies, il nous sera très difficile de lever la suspension du comité paralympique russe dans les temps pour participer aux Jeux paralympiques d’hiver. »
Le Britannique en convient: tout n’est pas à jeter dans la copie rendue par son groupe de travail. Les autorités russes ont accompli de réels « progrès ». On avance, donc. Mais l’allure se révèle encore un peu molle. La culture tarde à changer dans le sport paralympique russe. Surtout, l’IPC ne veut pas se contenter de promesses. L’organisation internationale veut du concret.
« Nous observons certaines bonnes propositions, au moins sur le papier, reconnaît Philip Craven. Mais nous devons voir ces plans se réaliser et avoir des résultats concrets. » Dans le détail, le comité paralympique russe aurait réussi à cocher 62 des 67 conditions exigées par l’IPC pour lui rendre son éligibilité. Mais il peine à régler la question des villes « fermées » russes, où de nombreux athlètes s’entraînent à l’abri des regards et plus encore des contrôles, une série de bastions où les responsables des tests de dépistage n’ont toujours pas accès.
Commentaire de Philip Craven: « La Russie doit rétablir la confiance du monde sportif dans son ensemble. Le comité paralympique russe et les autorités russes doivent instaurer une plus grande la confiance vis-à-vis de leurs actions. » Pas simple.
La route de PyeongChang reste longue et tortueuse. Avant cela, il faudra déjà aux athlètes russes gagner leurs places aux championnats du monde d’athlétisme handisport en juillet à Londres. Une échéance qui semble elle aussi encore très incertaine. « Avec ce calendrier, à moins d’un changement spectaculaire dans les prochaines semaines, le comité paralympique russe ne pourra pas engager ses athlètes aux championnats du monde d’athlétisme handisport 2017 », martèle Philip Craven.
Dans le camp russe, l’impatience gagne les dirigeants paralympiques. Le secrétaire général du comité paralympique, Mikhail Terentiev, s’est plaint à l’agence R-Sport de ne pas avoir été entendu par le groupe de travail de l’IPC. Pour lui,, l’ennemi se nomme Philip Craven. Un obstacle qu’il espère voir disparaître à la rentrée prochaine, au moment des élections à l’IPC. « Craven a bloqué la situation, suggère Mikhail Terentiev. Il ne faut rien attendre de positif pour la Russie avant l’élection d’un nouveau président à la tête de l’IPC. »