Le chiffre tombe au plus mauvais moment. Il pourrait même étouffer dans l’œuf les efforts du CIO pour convaincre les villes ou les pays, en Europe surtout, de se lancer dans la course à l’organisation des Jeux. Selon une analyse de l’agence Associated Press, révélée mercredi 14 juin, les JO d’été à Rio en 2016 auraient coûté plus de 13 milliards de dollars. Une facture qui pourrait encore augmenter au cours des prochains mois.
L’analyse comptable réalisée par AP s’appuie sur les coûts des « installations sportives » des derniers Jeux, dévoilés mercredi à Rio de Janeiro par l’Autorité publique olympique (APO) du Brésil, une organisation parfaitement digne de foi puisque missionnée par les autorités du pays pour superviser et gérer les chantiers. Ils ont atteint 2,06 milliards de dollars, soit 7,23 milliards de réals. A cela, il convient d’ajouter les dépenses de préparation et de « livraison » des Jeux. Le comité d’organisation Rio 2016 les avait déjà révélées. Elles s’élèvent à 2,8 milliards de dollars (9 milliards de réals).
Le premier calcul, très officiel mais seulement partiel, chiffre donc la note de l’événement à 4,86 milliards de dollars. Jusque-là, rien de très scandaleux. Los Angeles et Paris, les deux villes quasi assurées de se partager les Jeux en 2024 et 2028, annoncent dans leurs dossiers de candidature des budgets respectifs de 5,3 milliards de dollars pour les Californiens (hors dépenses de sécurité), et 6,2 milliards de dollars pour les Français (3,2 milliards pour l’organisation, 3 milliards pour les investissements).
Mais le cas Rio 2016 s’aggrave avec les « autres » coûts associés aux Jeux. Ils n’ont pas été dévoilés en conférence de presse, mercredi, mais AP les a obtenus par une succession de courriers électroniques de la part des services de la ville de Rio de Janeiro, de l’Etat et des diverses agences fédérales brésiliennes.
Ces « autres » coûts font sérieusement pencher la note finale dans le rouge, puisqu’ils se montent à 8,2 milliards de dollars. Ils concernent, pêle-mêle, la construction d’une nouvelle ligne de métro, un laboratoire antidopage, la rénovation des installations portuaires, ou encore le nettoyage de la baie de Guanabara, où ont eu lieu les épreuves de voile olympique.
A lui seul, le laboratoire antidopage de Rio de Janeiro a coûté 50 millions de dollars. La construction et la mise en service de la ligne de métro destinée à transporter le public vers le parc olympique de Barra se sont chiffrées à 2,98 milliards de dollars. Selon un rapport d’une agence d’audit, son coût serait supérieur de 25% à la norme pour un tel équipement.
En bas de page, le total s’élève à 13,06 milliards de dollars pour les Jeux de Rio 2016. Pour rappel, les Brésiliens avaient anticipé un budget de 8,8 milliards de dollars (28,8 milliards de réals) dans leur budget de candidature, en 2009, lorsque la session du CIO avait choisi Rio pour accueillir les premiers JO de l’histoire en Amérique du Sud. L’écart entre les prévisions et la réalité – 4,26 milliards de dollars – s’avère abyssal.
Reste une question: l’héritage. Depuis la fin des Jeux paralympiques, plusieurs des sites de compétition ont été laissés à l’abandon. Le mythique stade Maracana, rénové pour le Mondial de football en 214, utilisé pour les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux de Rio, a été en partie vandalisé et privé d’électricité pendant plusieurs semaines. Paulo Marcio Dias Mello, le président de l’Autorité publique olympique, nie pourtant en bloc l’existence du moindre « éléphant banc ». « Il est toujours difficile de planifier un héritage des Jeux, a-t-il expliqué mercredi 14 juin. A Londres, les Britanniques ont mis deux ans pour y parvenir. »
Pressé de questions, le Brésilien n’a pas été capable de présenter un calendrier précis et détaillé des manifestations prévues sur les sites des derniers Jeux d’été. Il a promis une moyenne de trois événements par mois à partir de juin 2017, puis une dizaine dès le mois de décembre prochain. Ambitieux.