Il avait su ménager le suspense. Il avait laissé entendre que non, puis suggéré que peut-être, avant de glisser un pourquoi pas. Mardi 20 juin, à une journée de la date limite, David Lappartient est sorti du bois pour annoncer, via un long communiqué de presse, sa décision de se porter candidat à la présidence de l’Union cycliste internationale.
A 44 ans, le Français se dresse sur la route du Britannique Brian Cookson, 65 ans, président de l’UCI depuis 4 ans. Sauf invité de la dernière minute, les deux hommes se disputeront le poste suprême le 21 septembre prochain à Bergen, en Norvège, en marge des championnats du Monde sur route. Une élection où 45 délégués représentant les cinq continents seront appelés aux urnes.
La campagne doit durer 3 mois. Elle sera courte mais s’annonce musclée. David Lappartient a ouvert les hostilités, dès mardi, en présentant les grands axes de son programme. Le Français, réélu en mars dernier par acclamation à la présidence de l’Union européenne de cyclisme, promet le renforcement « de l’autorité de l’UCI avec un président assurant un véritable leadership. » Une attaque directe à l’encontre de son rival britannique, à qui il reproche de laisser trop souvent le pouvoir de décision dans les mains de la direction de l’UCI.
Brian Cookson (photo ci-dessous) a riposté sans tarder. Mardi 20 juin, il a réagi à l’annonce de la candidature du dirigeant français par ce commentaire: « Je note que David Lappartient n’a pas dévoilé pour l’instant beaucoup de détails sur la vision et le programme qu’il pourrait avoir au-delà de son ambition personnelle, connue de tous, pour le rôle de président. »
A l’évidence, David Lappartient a préparé son affaire depuis plusieurs mois. Le Breton, ingénieur de formation, a rédigé sa profession de foi, accessible sur son site Internet dédié, ourpassion.org, disponible en anglais et français. Il y expose les grandes lignes d’un plan pour l’UCI axé sur « un programme de solidarité et de coopération à destination des fédérations », le développement du cyclisme féminin, « une réforme crédible et sérieuse » du cyclisme professionnel, « la mise en oeuvre d’un plan d’action visant à renforcer la lutte contre la fraude technologique ».
David Lappartient explique également vouloir « faire de l’UCI une fédération internationale forte, écoutée et capable d’accentuer sa place au sein du mouvement olympique et paralympique. » Il évoque son ambition de faire du cyclisme « le sport du XXIème siècle ».
Le Français se lance-t-il trop tôt dans la bataille? Interrogé au début du mois de mars dernier par FrancsJeux sur une éventuelle candidature, il avait alors répondu: « Tout est une question de temps. J’ai le souhait de présider l’Union cycliste internationale. Brian Cookson, le président actuel, ayant annoncé sa candidature pour un deuxième mandat, il serait logique que j’attende 2021 pour me lancer. Mais rien ne dit que cette logique sera respectée. »
A l’évidence, il a décidé de tordre le cou à la « logique » et défier dès maintenant un rival britannique dont un éventuel deuxième mandat serait le dernier. Peut-être a-t-il été encouragé par la crise que traverse actuellement le cyclisme britannique depuis les découvertes édifiantes par une commission parlementaire des pratiques du Team Sky, dont Brian Cookson a supervisé la création à l’époque où il présidait British Cycling. Début mars, un député membre de la commission, Damian Collins, déclarait ainsi au Times: « La crédibilité du Team Sky et de la fédération britannique de cyclisme est tombée en lambeaux. »
L’affaire Sky fragilisera-t-elle Brian Cookson? Pas sûr. Le Britannique peut mettre en avant un premier mandat à l’UCI au bilan plus que respectable. Il peut surtout se vanter d’avoir obtenu pour le cyclisme une place accrue dans le programme des Jeux de Tokyo, avec l’ajout de plusieurs disciplines (Madison et BMX freestyle), et un nombre stable de quotas d’athlètes.
David Lappartient a déjà dévoilé la prochaine étape de son programme de campagne: une conférence de presse vendredi 30 juin à Düsseldorf, en marge du Grand départ du Tour de France. En terrain (presque) neutre.