— Publié le 29 août 2017

Les Jeux de PyeongChang, la Russie s’y voit déjà

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La Russie participera-t-elle aux Jeux d’hiver de PyeongChang? Peut-être. Pas sûr. A un peu plus de 5 mois de la cérémonie d’ouverture, ses athlètes se préparent pour les épreuves olympiques avec la désagréable impression d’avoir une épée de Damoclès pointée vers eux. A écouter leur ministre des Sports, ils ont tort de s’en faire.

Pavel Kolobkov (photo ci-dessous), le successeur de Vitaly Mutko au ministère russe des Sports, ne fait pas dans la nuance. Il a expliqué à l’agence TASS, dans un long entretien, qu’il n’envisageait pas une seule seconde que son pays puisse être exclu des prochains Jeux d’hiver. A ses yeux, le scénario ne tient pas.

« Il n’y a aucune raison de penser que les athlètes russes en soient écartés, a confié l’ancien escrimeur, six fois médaillé olympique à l’épée. Il ne m’est jamais venu à l’esprit que nous puissions être absents de ce grand événement. »

La route reste pourtant longue et encore incertaine. La commission exécutive du CIO doit se prononcer en octobre sur le cas de la Russie. Le mois suivant, le Conseil de l’Agence mondiale antidopage (AMA) devrait statuer à son tour sur la situation de l’agence russe antidopage, RUSADA, toujours déclarée non conforme. Deux obstacles de taille. Mais Pavel Kolobkov reste droit dans ses bottes: « J’ose espérer que les gens qui seront appelés à prendre les décisions le feront en toute objectivité, en se basant sur les faits et le bon sens, sans se laisser influencer par les émotions. »

A l’écouter, le sport russe serait pris pour cible par « certaines forces », déterminées à utiliser les médias occidentaux pour brandir en toutes circonstances la menace de sanctions. Elles l’ont fait sur les Jeux de PyeongChang. Elles le feront encore, prévient Pavel Kolobkov, sur la Coupe du Monde de football en Russie en 2018. « Je n’écarte pas la possibilité que nous soyons encore victimes d’attaques de ce genre en notre qualité d’organisateurs du prochain Mondial, explique le ministre. Mais je n’imagine pas qu’elles puissent mener à quelque chose. »

 

 

Invité à remplacer Vitaly Mutko en octobre dernier, Pavel Kolobkov ne ménage pas ses critiques sur l’organisation du mouvement sportif. « A ma grande surprise, il semble que les lois internationales n’aient pas droit de cité dans le monde du sport. Les fédérations internationales vivent leur propre vie, avec la liberté d’adopter les lois qui leur plaisent. L’IAAF, le CIO et l’IPC ont leurs propres codes de conduite. Mais nous nous battrons. »

En attendant, la Russie jure ses grands dieux faire le ménage devant sa porte. « Environ 80 athlètes ont été disqualifiés pour dopage, certains entraîneurs ont été bannis à vie, nous avons réformé l’organisation de notre agence nationale antidopage, dont les responsables et les experts ont changé », plaide Pavel Kolobkov.

Surtout, la Russie se prépare activement à conserver sa place dans la hiérarchie mondiale aux prochains Jeux d’hiver. Pavel Kolobkov annonce une équipe complète et ambitieuse en février prochain en Corée du Sud, un subtil mélange d’anciens à la longue expérience olympique et de nouveaux venus intégrés l’an passé aux sélections nationales. « Il nous sera très difficile de viser la première place au classement des médailles, mais nous pouvons envisager de figurer dans le top 3 des nations », pronostique-t-il.

Interrogé par l’agence TASS sur la réalité du dopage en escrime au temps de sa propre carrière d’épéiste, Pavel Kolobkov a répondu que plusieurs athlètes étrangers avaient été pris. Mais, selon lui, les fautifs n’avaient aucune mauvaise intention. « Ils ont seulement été stupides. » Vraiment?