L’aveu peut prêter à sourire. Gunilla Lindberg, la présidente de la commission de coordination du CIO pour les Jeux d’hiver 2018, a conclu ce jeudi 31 août la dernière visite de son équipe en Corée du Sud en assurant, le regard droit et une main sur le cœur, que « PyeongChang était prête à accueillir les Jeux. » Sans doute. Mais à un peu plus de 5 mois de l’ouverture, une question demeure. Et elle plombe un peu l’ambiance: le monde est-il prêt à se rendre à PyeongChang?
Au dernier pointage, les prochains Jeux d’hiver ne font pas recette. Les organisateurs sud-coréens avouent, non sans un certaine gêne, avoir vendu seulement 22,7% des places pour la quinzaine olympique. A ce stade de la préparation, alors que le compte-à-rebours indique en Corée du Sud 161 jours avant les trois coups, ce résultat s’avère le plus mauvais de l’histoire des Jeux d’hiver. Selon les estimations, la réalité des ventes serait même encore plus catastrophique.
Dans le détail, seulement 52.000 places ont déjà été vendues au public sud-coréen. Un résultat qui représente moins de 5% du total des billets mis en vente par le comité d’organisation. Dans son dossier de candidature, l’équipe de PyeongChang anticipait pourtant un franc succès populaire pour ces premiers JO d’hiver de l’histoire en Corée du Sud. Elle prévoyait que le public national compterait pour environ 70% du nombre des spectateurs. La route est encore longue.
A ce jour, le reste des ventes a été assuré par les agences étrangères ayant acquis l’exclusivité des billets dans leurs pays respectifs. Mais il est probable, voire quasi certain, que ces revendeurs officiels n’ont pas encore écoulé tout leur stock de places. A 161 jours de l’ouverture, les ventes effectivement réalisées représentent donc très certainement nettement moins que les 22,7% avancés par les organisateurs.
A qui la faute? Difficile. Pour Lee Hee-beom, le président de PyeongChang 2018, les revendeurs étrangers ont leur part de responsabilité. Le dirigeant sud-coréen les a directement accusés, en début de semaine, de ne pas avoir assez forcé sur leurs efforts de promotion des Jeux d’hiver. Il met également en cause leur politique de prix des packages proposés, qu’il juge excessive.
Autres « fautifs »: la Chine et le Japon. Les deux géants asiatiques étaient censés, selon les prévisions, assurer un important contingent de spectateurs. Mais dans les deux pays, les ventes restent au ralenti. Dans le cas de la Chine, les relations très tendues entre Séoul et Pékin ne seraient pas étrangères à cette indifférence pour les Jeux d’hiver 2018.
Au CIO, le sujet est pris près au sérieux. Officiellement, l’organisation olympique ne manifeste pas encore son inquiétude, mais il n’est pas difficile de déceler une forme d’urgence entre les lignes de son communiqué du jour. « PyeongChang 2018 va maintenant se concentrer sur la mise en service opérationnelle tout en intensifiant ses activités de promotion, avec notamment le lancement la semaine prochaine de la deuxième phase de son programme de vente de billets et les préparatifs du relais de la flamme olympique qui doit débuter dans un peu plus de deux mois », écrit le CIO.
La deuxième phase de la billetterie doit débuter le 5 septembre. Elle s’effectuera en ligne, comme la première, avec un choix de places assez vaste pour satisfaire tous les potentiels spectateurs, y compris la cérémonie d’ouverture, la finale du hockey-sur-glace, le ski alpin et le patinage artistique.
Quant au parcours de la flamme, il s’élancera le 1er novembre d’Incheon, l’un des aéroports de Séoul, avant de parcourir 2018 kilomètres en 101 jours à travers tout le pays, traversant 17 provinces et métropoles.