Elle était dans les tuyaux depuis quelques mois. Elle est désormais officielle. L’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay ont officiellement présenté, par la voix et les gestes de leurs chefs d’Etat respectifs, leur candidature commune à la Coupe du Monde de football en 2030. Par un hasard du calendrier, les trois pays se sont déclarés au moment où le comité de candidature des Etats-Unis, du Canada et du Mexique pour le Mondial 2026 dévoilait les 32 villes retenues dans son dossier. L’Amérique avance en force. Et elle avance groupée.
Preuve d’un équilibre géopolitique largement à l’avantage de l’Argentine, la présentation s’est déroulée à Buenos Aires. Hôte de l’événement, le président argentin, Mauricio Macri, a pris place au centre, devant le drapeau national. A sa droite, le président du Paraguay, Horacio Cartes, visiblement serré dans sa cravate. A droite, leur homologue de l’Uruguay, Tabaré Vazquez, venu parler histoire et tradition. Son pays n’est plus ce qu’il était sur la carte du football, certes, mais il reste le premier organisateur d’une Coupe du Monde, à Montevideo en 1930.
A 13 ans de l’événement, les trois nations sud-américaines prennent les devants. Elles se déclarent alors que la FIFA en est encore à étudier les dossiers déposés pour l’accueil du Mondial 2026. Une étude qui ne devrait pas l’occuper très longtemps, le ticket Etats-Unis-Canada-Mexique étant annoncé grandissime favori, face à un projet marocain nettement moins séduisant en termes de développement du football et de retombées économiques.
De son propre aveu, Tabaré Vazquez a eu besoin de « moins de 40 secondes » pour se décider après avoir été informé d’un projet de candidature conjointe avec l’Argentine et le Paraguay. L’histoire, suggère-t-il. Un Mondial en Uruguay 100 ans après. Difficile de dire non.
Que dire du projet? A ce stade, les précisions manquent. Selon plusieurs sources gouvernementales, les trois pays se seraient déjà mis d’accord pour se répartir la carte des sites. L’Argentine compterait six stades du tournoi, l’Uruguay et le Paraguay trois chacun. A l’évidence, la candidature bénéficie de tous les soutiens des pouvoirs politiques. La présence à la même table des trois chefs d’Etat en a apporté la preuve.
Horacio Cartes l’a expliqué mercredi 4 octobre: « La première réunion de préparation de la candidature sera organisée dans la première semaine de novembre. Bien sûr, d’autres pays vont vouloir accueillir ce Mondial, mais il y a un argument très fort en faveur de l’Uruguay, qui célébrera les 100 ans depuis la première Coupe du Monde chez elle. »
La concurrence, le président uruguayen l’évoque sans la citer. Elle pourrait être chinoise. Tentée un moment par une candidature pour le Mondial 2026, la Chine a repoussé ses envies. Elle pourrait se lancer pour l’édition 2030.
Tout sauf un hasard: Gianni Infantino se trouvait à Buenos Aires, mercredi, au moment de la présentation officielle. Il aurait même participé à une réunion avec les trois chefs d’État.
Le président de la FIFA n’a pas pris position. Il n’est pas censé le faire, ni aujourd’hui ni demain. Mais ses déclarations du jour sonnent déjà comme une forme de soutien au projet sud-américain. « La Fédération argentine de football (AFA) peut faire beaucoup pour le football, et pas seulement avec les joueurs sur le terrain, avec Messi et tous ses coéquipiers, a suggéré Gianni Infantino. L’Argentine a connu une mauvaise passe ces dernières années, au niveau administratif, comme d’autres, sur ce continent et hors du continent, comme la FIFA. Nous le savons tous. Mais elle doit aujourd’hui être un exemple, en y mettant du cœur, de la force et de la passion, pour commencer à travailler sérieusement pour ce sport, avec une nouvelle FIFA plus forte, avec une nouvelle Conmebol plus forte. »
Le message est clair: l’Argentine ne peut pas se contenter d’une contribution au football moderne réduite au seul Lionel Messi. Elle doit faire plus. En organisant le Mondial 2030, par exemple.