L’argent, encore et toujours. A Sion, le projet d’une candidature aux Jeux d’hiver 2026 s’écrit seulement au conditionnel. Le dossier n’est pas encore déposé, loin de là. Mais la question du budget alimente déjà la polémique. Pire: elle plombe l’ambiance.
Jeudi 26 octobre, une enquête de la RTS (Radio Télévision Suisse), la chaîne publique, a assuré chiffres à l’appui que le budget présenté depuis le début de l’aventure par les porteurs du projet était en réalité sous-estimé. L’équipe de Sion 2026 avance une estimation de 1,98 milliard de francs suisses (1,69 milliard d’euros) pour organiser les Jeux d’hiver en Suisse pour la première fois depuis Saint-Moritz 1948. Selon les calculs de la RTS, révélés dans son émission Infrarouge, la note finale se situerait plutôt à 2,4 milliards de francs suisses (environ 2,1 milliards d’euros).
Pourquoi un tel écart? Une affaire de calcul, rien de plus. La RTS explique que l’équipe de candidature compte seulement le budget opérationnel des Jeux en 2026. Son estimation serait donc seulement partielle. Les journalistes de la chaîne y ont ajouté le coût de la candidature (25 millions de francs suisses), les infrastructures (100 M), la sécurité (300 M). Ils pointent également la nécessité pour le futur comité d’organisation de louer le village des athlètes, un ensemble immobilier de 1400 chambres construit par un promoteur privé.
Le directeur financier de Sion 2026 a confirmé les chiffres de la chaîne de télévision. Mais Bernard Rüeger, le vice-président du comité de candidature, suggère que le projet a pêché jusqu’à présent par un déficit de communication, notamment sur la question du budget. « Il va falloir qu’on soit désormais plus transparents », a-t-il reconnu au cours de l’admission Infrarouge.
Sans doute. Mais le début de polémique provoqué par les révélations de la RTS l’illustre sans nuance: la route s’annonce encore longue pour l’équipe de Sion 2026. Certes, le projet a reçu le feu vert du Conseil fédéral, une condition annoncée obligatoire pour continuer à avancer. Mais il lui reste à convaincre les deux chambres du Parlement helvétique.
Interrogé mercredi dernier, le conseiller d’Etat valaisan, Frédéric Favre, a répété qu’il ne jugeait pas possible d’organiser un tel événement sportif sans compter sur la solidarité de la Suisse entière. Une façon de signifier qu’il serait difficile de faire l’économie d’un référendum national. Un scénario jugé par Jean-Philippe Rochat, le président du comité de candidature, incompatible avec l’échéancier de la campagne.
Par ailleurs avocat spécialisé dans le droit des affaires et du sport, Jean-Philippe Rochat assure qu’un tel scrutin n’est pas nécessaire d’un point de vue légal. La compétence revient au Parlement.
A une année du début de la phase de candidature, Sion 2026 avance sur des œufs. Jean-Philippe Rochat le reconnaît: « L’ambiance générale est assez peu favorable aux Jeux. A nous de donner d’autres signaux et de montrer qu’il y a d’autres enjeux que la seule question financière. Il s’agira dans les mois qui viennent de susciter l’enthousiasme et les émotions positives. Un grand travail reste à faire et ce n’est pas gagné d’avance. Mais si on craignait l’échec, on ne se lancerait pas dans un tel projet. »