N’ayons pas peur des mots: la date est historique. Ce jeudi 25 janvier 2018, en début de matinée, un groupe de 12 joueuses de hockey-sur-glace venues de Pyongyang a passé la frontière entre les deux Corée. Le premier signe concret et visible de la participation de la Corée du Nord aux Jeux d’hiver de PyeongChang 2018.
Selon le ministère de l’Unification, la délégation nord-coréenne est entrée en territoire sud-coréen à 9 h 21. Elle l’a fait en bus, au poste frontière de Paju.
Ce premier contingent nord-coréen est scindé en deux groupes. D’un côté, une équipe dite « préparatoire », composée de huit officiels triés sur le volet. En tête de cortège, le dénommé Yun Yong-bok, présenté par les médias sud-coréens comme « un haut responsable du ministère nord-coréen du Sport ». De l’autre, les 12 hockeyeuses sélectionnées par Pyongyang pour se joindre aux 23 joueuses sud-coréennes au sein de la future équipe coréenne unifiée. Elles sont accompagnées de 3 membres de l’encadrement.
Les deux groupes ont un carnet de route très différent. L’équipe préparatoire restera seulement 3 jours en Corée du Sud. Au programme, une série d’inspection des sites de compétition à Gangneung, où se dérouleront les épreuves des sports de glace, des logements au village des athlètes, mais également des hôtels prévus pour la troupe de pom-pom girls et l’équipe de taekwondoïstes invitée à se produire en démonstration en marge des Jeux.
Les officiels nord-coréens ne feront pas de tourisme. Après une étape à Gangneung ce jeudi, ils prendront la direction de PyeongChang, demain, pour découvrir le site de ski de fond, avant de rallier Séoul dans la journée du samedi 27 janvier.
Les hockeyeuses, de leur côté, ont passé la frontière sans un mot pour les nombreux journalistes dépêchés sur place. Habillées de la tenue officielle nord-coréenne, elles ont pris la direction de Jincheon, à 90 km au sud de Séoul, où elles doivent poser leurs bagages au centre national d’entraînement. Elles sont censées y retrouver la sélection sud-coréenne pour un premier entraînement commun.
Dans quelle ambiance? Difficile de savoir. Interrogée en début de semaine en conférence de presse, l’entraîneur canadienne de l’équipe sud-coréenne, Sarah Murray, n’a pas caché ses sentiments « mitigés »: « Il est excitant de faire partie de quelque chose d’historique, de voir deux pays tellement divisés se retrouver grâce au sport. Je pense que cette histoire est géniale et qu’il est important d’en faire partie. Mais en même temps, mes sentiments sont partagés car à cause de cela nous n’alignerons pas notre effectif complet. »
Clin d’œil de l’histoire: la délégation nord-coréenne a pénétré sur le sol sud-coréen quelques heures avant le retour au pays d’une autre équipe « préparatoire », envoyée mardi dernier par Séoul pour inspecter les sites du mont Kumgang. Une manifestation culturelle commune y est prévue en marge des Jeux de PyeongChang. Les deux groupes auraient presque pu se croiser.