Les ennuis continuent pour l’AIBA. Ils se poursuivent et empirent. Réunie en congrès extraordinaire à Dubaï, l’organisation internationale de la boxe était censée enterrer les années CK Wu, son ancien président, poussé vers la sortie en novembre dernier. Dans la foulée, elle devait ouvrir une page blanche de sa tumultueuse histoire en se choisissant une nouvelle gouvernance. Elle l’a fait. Mais l’identité de son président par intérim la rapproche un peu plus d’un K.O fatal.
Gafur Rakhimov, 66 ans, un dirigeant ouzbek originaire de Tachkent, s’est vu confier samedi 27 janvier les clefs du bureau présidentiel de l’AIBA. Il assurera l’intérim pendant une période de 9 mois, jusqu’aux prochaines élections, prévues en octobre 2018 à Moscou. Il a été choisi à l’ancienneté, étant le plus ancien des vice-présidents en exercice, une fonction qu’il occupe depuis 1998. Il succède à un autre intérimaire, l’Italien Franco Falcinelli, désigné président après la démission de CK Wu, mais lui aussi démissionnaire. On s’y perd.
Seul ennui, mais de taille: les états de service de Gafur Rakhimov. Selon le Département du Trésor américain, le dirigeant et homme d’affaires serait étroitement lié au crime organisé en Ouzbékistan. Il aurait fait ses armes dans l’extorsion et le vol de voitures, avant de relever le niveau de ses ambitions et se lancer dans le trafic d’héroïne.
Toujours selon le Département du Trésor américain, le nouvel homme fort de l’AIBA serait très proche d’un groupe criminel d’origine russe, « Thieves-in-Law », très présent dans les pays de l’ancien bloc soviétique, mais également en Europe de l’ouest et aux Etats-Unis, où ses activités iraient de l’extorsion de fonds au blanchiment d’argent, en passant par le vol, la corruption et le trafic.
A Dubaï, Gafur Rakhimov s’est fendu d’un discours très rassurant sur ses intentions. « Nous devons travailler en étroite collaboration avec les fédérations nationales et avec le Comité international olympique pour restaurer la confiance dans la gestion financière et l’intégrité de l’AIBA, a déclaré l’Ouzbek devant le congrès. Cela implique une plus grande transparence et une meilleure gouvernance au sein de l’AIBA. » Pas gagné d’avance.
Tout juste nommé, Gafur Rakhimov s’est choisi un homme de confiance, l’Américain Tom Virgets, actuel président de la commission de discipline de l’AIBA, au poste de directeur exécutif de l’AIBA. Il succède au Français William Louis-Marie, démissionnaire en novembre dernier.
A l’annonce de sa désignation comme président par intérim de l’AIBA, le CIO a tiré sans ménagement la sonnette d’alarme. L’organisation olympique a fait savoir dès dimanche 28 janvier, par la voix de son porte-parole, qu’elle était « extrêmement préoccupée » par la crise de gouvernance à l’AIBA. Le CIO ne mentionne pas le nom de Gafur Rakhimov, mais précise que le dossier AIBA sera étudié de près lors de la prochaine réunion de la commission exécutive, prévue à partir du 3 février à PyeongChang.
Le CIO explique également avoir suspendu toute contribution financière à l’AIBA dans l’attente de recevoir des réponses convaincantes à ses doutes sur la gouvernance, les finances, la lutte antidopage et l’arbitrage au sein de la Fédération internationale de boxe. Une première sanction qui pourrait en appeler d’autres.