La prochaine édition du Tour de France aura-t-elle une version féminine ? Posée à la veille du prologue, la question aurait fait sourire. Aujourd’hui, elle semble prise très au sérieux. Dans l’intervalle, une pétition a circulé en marge de la Grande Boucle, appelant les organisateurs de la course cycliste la plus connue au monde à monter une épreuve pour les filles. Une pétition qui a recueilli près de 75 000 signatures dans plus de 100 pays à travers le monde.
Dans une interview accordée à Bloomberg, Jean-Etienne Amaury, le président d’ASO, la société organisatrice du Tour de France, a annoncé être prêt à discuter la possibilité d’organiser une épreuve féminine en parallèle du Tour de France. Une réflexion entamée après l’immense soutien obtenu par les instigatrices du mouvement, les quatre championnes de cyclisme Kathryn Bertine, Emma Pooley, Marianne Vos et Chrissie Wellington.
A en croire les jeunes femmes, la pétition pour un Tour féminin serait l’une des dix pétitions les plus signées sur Change.org la semaine dernière. Mais les championnes restent mobilisées : « Une rencontre avec ASO va nous permettre de commencer une discussion honnête et juste, et nous sommes déterminées à poursuivre notre campagne jusqu’à ce que nous voyions des femmes dans le Tour de France », explique-t-elle.
L’idée fait son chemin, donc. Chez ASO, on se dit prêt à discuter. Mais rien n’est fait. Brian Cookson, le candidat anglais à la présidence de l’UCI, n’a pas caché son scepticisme, jugeant le projet « irréaliste ». Le règlement lui-même pose problème, puisqu’il limite à 140 km la longueur maximale d’une étape pour les cyclistes femmes, contre 240 à 280 km pour les hommes. Difficile, dans ce cas, d’imaginer une épreuve féminine organisée en parallèle de la traditionnelle Grande Boucle.
Mardi 23 juillet, au surlendemain de la victoire de Christopher Froome dans la centième édition du Tour, la vice-présidente du Parti Travailliste britannique, Harriet Harman, a écrit à Christian Prudhomme, le directeur de la course, pour relayer la pétition et appeler à ce que la prochaine édition de la course, dont le départ est prévu de Leeds, dans le Yorkshire, ait une version féminine. Mais Jean-Etienne Amaury freine des quatre fers. « Il nous faut travailler sur le modèle économique, engager les médias et discuter avec les pouvoirs publics (…) Tous ces paramètres doivent être planifiés. Il y a peu de chance que cela survienne dès l’an prochain », a-t-il expliqué à Bloomberg. Au mieux, donc, en 2015.