L’équipe de candidature de Sion pour les Jeux d’hiver 2026 fait preuve à PyeongChang d’une « discrète visibilité ». Obéissant aux règles du CIO, elle ne tiendra pas de conférence de presse. Mais elle a pris possession d’un chalet aux normes très cadrées – 20 m2 – posé face à la Maison Suisse, au pied des pistes de ski alpin du site de Yongpyong.
Officiellement, la campagne n’a pas débuté. Mais pour les Suisses, comme pour leurs présumés rivaux canadien (Calgary), suédois (Stockholm) et japonais (Sapporo), elle bat déjà son plein. Frédéric Favre, le vice-président de Sion 2026, conseiller d’Etat du canton du Valais (photo ci-dessous, à gauche), a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Quelle est aujourd’hui votre priorité?
Frédéric Favre: La candidature de Sion aux Jeux de 2026 sera soumise à un référendum. Il doit se tenir le 10 juin 2018. Il a été proposé par le gouvernement du Valais, canton de la ville-hôte, Sion, et de la moitié des sites du dispositif. Ce référendum aura lieu, c’est aujourd’hui une certitude, mais il concernera seulement la population du Valais. A quatre mois de cette échéance, notre priorité est d’expliquer qu’en étant candidats aux Jeux de 2026, nous ne voulons pas organiser une édition des JO sur le modèle de Sotchi 2014 ou PyeongChang 2018. Nous avons déjà tout, sauf un anneau de patinage de vitesse.
Les derniers référendums olympiques ont toujours été négatifs en Suisse. Le prochain peut-il inverser le phénomène?
Ils n’ont pas toujours été négatifs en Valais. La dernière votation olympique organisée dans le canton remonte à 1997. Le oui aux Jeux l’avait emporté avec 67% des suffrages. Nous avons affaire à une population qui aime les sports d’hiver, mais les Valaisans n’ont pas aimé les dernières candidatures. Notre défi consiste à les convaincre de la pertinence d’un projet peu coûteux, durable et responsable.
Aujourd’hui, quelle est la tendance?
Elle est partagée. Je dirais que nous en sommes à 50/50. Il nous reste 4 mois pour faire pencher la balance. Mais les Valaisans à qui nous expliquons notre projet et notre vision se montrent tous convaincus.
La question s’annonce-t-elle décisive?
Peut-être. Mais le budget des Jeux en 2026 serait seulement de 1,7 milliard de francs suisses (1,48 milliard d’euros). Surtout, nous avons prévu seulement 100 millions de francs suisses (87 millions d’euros) pour les infrastructures. Une somme plus que raisonnable. Avec cette enveloppe, nous construirions une aire d’arrivée pour la piste de ski alpin de Crans-Montana, nous pourrions rafraîchir la piste de bobsleigh et le tremplin de saut, et enfin rénover un peu l’un des villages des athlètes. Mais certains de ces travaux, notamment l’aire d’arrivée à Crans-Montana, se feront avec ou sans les Jeux.
La question de l’anneau de patinage de vitesse reste au conditionnel…
Nous avons aujourd’hui trois options. La première consisterait à louer une halle couverte, qui doit être construite par une société privée. La deuxième serait de faire disputer le patinage de vitesse sur un anneau découvert, sous réserve que le CIO et l’ISU en accepte le principe. Nous utiliserions alors une structure temporaire. Dans l’éventualité où ces deux options seraient repoussées, nous nous tournerions vers l’étranger, sans doute l’Allemagne ou les Pays-Bas.
La candidature a déjà changé de gouvernance, avec le départ de Jean-Philippe Rochat, remplacé par Jürg Stahl, le président comité olympique. N’est-ce pas un handicap?
Les choses ont été claires. Le projet avait été lancé par des acteurs privés. Il est aujourd’hui repris par une association formée de Swiss Olympic et la ville de Sion. L’année 2017 a été celle de la terre brûlée. Une candidature est un marathon, où chuter en début de course n’empêche pas de l’emporter à l’arrivée.
Comment comptez-vous faire la différence, face à des rivaux comme Stockholm et Calgary, notamment, où les projets se veulent eux aussi peu coûteux et traditionnels?
En Suisse, nous avons une culture des sports d’hiver. Nous avons toujours été là, 1928, puis en 1948. Cette candidature est notre quatrième, après 1976, 2002 et 2006. Nous n’avons pas renoncé. Nous avons postulé aux Jeux de la Jeunesse, un événement que nous organiserons à Lausanne en 2020. Preuve que nous ne voulons pas seulement la vitrine, mais nous travaillons aussi pour l’avenir. Le CIO le sait: les Suisses tiennent leurs promesses et savent livrer ce qu’ils ont annoncé. Avec un réseau ferroviaire de 7.000 km, pas une seule construction et une enveloppe de 100 millions de francs suisses pour des projets responsables, nous avons l’ambition d’organiser les Jeux de la durabilité.