La décision était annoncée pour samedi. Elle est tombée ce dimanche matin. La rumeur l’avait suggérée bienveillante. Elle a été sans nuance. La session du CIO, réunie à PyeongChang au dernier jour des Jeux d’hiver, a maintenu la suspension de la Russie. Le drapeau russe ne flottera pas, dans la soirée, pendant le défilé des athlètes à la cérémonie d’ouverture.
Les chiffres en disent long. Cinquante-deux membres du CIO ont pointé en début de session, un peu avant 9 heures, ce dimanche matin. A l’unanimité, les 51 votants se sont prononcés pour le maintien de la suspension du comité olympique russe, décidée le 5 décembre dernier par la commission exécutive. Fidèle à la tradition, Thomas Bach n’a pas participé au scrutin.
Sur le fond, la décision du CIO semble logique. A l’évidence, la Russie n’a toujours pas réglé son problème de dopage, dont l’étendue avait été révélée par le volumineux et édifiant rapport McLaren. Pour preuve les deux cas positifs enregistrés aux Jeux de PyeongChang.
Le premier, un curleur nommé Alexander Krushelnitsky, médaillé de bronze dans l’épreuve mixte avec son épouse, avait pu entretenir le doute. Il a été contrôlé positif au meldonium, un médicament dont il est difficile de comprendre l’intérêt et les effets en curling.
Mais le second a plombé le dossier russe. Nadezhda Sergeeva, 12ème de l’épreuve de bob à deux, a été prise pour avoir absorbé du trimétazidine, un médicament censé prévenir les angines de poitrine ou une baisse de l’acuité visuelle. La jeune femme avait déjà failli tomber deux ans plus tôt après un test positif au meldonium.
Précision: les deux athlètes positifs ont renoncé à faire appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Ils ont rendu leur accréditation et quitté le village olympique au lendemain de l’annonce de leur contrôle positif.
Sur la forme, en revanche, la position du CIO laisse perplexe. On comprend mal, en effet, pourquoi le CIO avait prévu la possibilité de lever la suspension de la Russie au dernier jour des Jeux de PyeongChang, sous réserve que ses athlètes fassent preuve d’un comportement exemplaire.
Difficile, également, de comprendre pourquoi Nicole Hoevertsz, membre de la commission exécutive du CIO et placée à la tête groupe de travail chargé de superviser le comportement des sportifs russes aux Jeux, a tenu à préciser ce dimanche que les deux cas en question étaient « individuels et isolés » et ne « révélaient pas un dopage systématique. » Pourquoi maintenir une suspension si les deux seuls cas sont « isolés et individuels« ?
Thomas Bach a tenté de s’en expliquer: « Deux athlètes de l’équipe des « Athlètes olympiques de la Russie » (AOR) ont été convaincus de dopage à Pyeongchang. Ceci est extrêmement décevant et ne permet pas au CIO d’envisager la levée de la suspension du comité olympique russe pour la cérémonie de clôture« .
Selon Nicole Hoevertsz, la suspension pourrait être levée dès mardi 27 février, soit deux jours après la clôture. A en croire une source proche du CIO, citée par l’AFP, « il est envisagé que la suspension soit levée une fois que l’unité sport sans dopage (DFSU) aura confirmé qu’il n’y a pas d’autres cas de dopage. »
Une prédiction confirmée par le comité olympique russe. « Nous espérons et comptons que la suspension soit levée dans les prochains jours », a-t-il fait savoir dans un communiqué.
Avec seulement deux cas, « isolés et individuels », la Russie retrouverait sa place. Avec un ou plusieurs autres, sa suspension pourrait être maintenue. L’affaire devient de plus en plus obscure.