Une révolution. Et la fin d’une époque. La Fédération internationale de tennis (ITF) a dévoilé lundi 26 février son projet de réforme de la Coupe Davis. Il ne s’embarrasse pas de la moindre nuance. Il envoie sans ménagement la tradition dans les oubliettes de l’histoire.
Sous réserve que le projet présenté par l’Américain David Haggerty, président de l’ITF, soit accepté lors du prochain congrès, en août 2018 à Orlando, la nouvelle Coupe Davis sera mise en musique dès l’année 2019. La totalité de la compétition sera disputée sur sept jours, à la fin du mois de novembre, en un seul et même lieu. Finis donc les quatre tours (huitièmes de finale, quarts, demi-finales et finale) étalés sur une saison.
Elle réunira 18 équipes (16 issues du groupe mondial, 2 autres repêchées), invitées à s’affronter dans une phase de groupes, puis en face à face, par élimination directe, à partir des quarts de finale.
Autre révolution: chaque confrontation entre deux pays se jouera en deux matchs de simple et un double. Ils seront disputés au meilleur de trois manches. La fin des rencontres en 5 sets, donc.
Commentaire de David Haggerty, le président de l’ITF: « C’est un événement qui change la donne pour l’ITF et le tennis. Nous voulons créer une compétition de fin de saison qui sera un festival de tennis et de divertissement, réunissant les meilleurs joueurs du monde. »
Bonne ou mauvaise idée? Les faits répondront. Une chose est sûre: le projet divise le milieu. En France, tenante du titre, toutes les voix s’élèvent pour dénoncer la « mort » de la Coupe Davis. Paul-Henri Mathieu, l’ancien numéro 12 mondial, assure dans l’Equipe que la nouvelle formule ferait perdre son « essence » à la compétition.
Ailleurs, la réaction est plus nuancée. David Haggerty l’a maintes fois répété: cette réforme se veut une réponse aux critiques de certains joueurs, peu enclins à disputer une épreuve rarement compatible à leurs yeux avec un calendrier déjà chargé.
L’ITF n’a pas planché seule sur cette révolution culturelle. Elle s’est associée à un groupe d’investissement, Kosmos, derrière lequel se distingue la silhouette de Gerard Piqué, le défenseur du FC Barcelone et de l’équipe d’Espagne. « Kosmos est heureux de rejoindre ce partenariat excitant avec l’ITF, a déclaré l’Espagnol. Ensemble, nous pouvons élever la Coupe Davis vers de nouveaux sommets pour en faire une incontournable Coupe du Monde de tennis, regroupant les meilleures nations et les meilleurs joueurs. »
Gerard Piqué et son groupe d’investissement, dont il assure la présidence, se sont impliqués dès le printemps dernier dans le projet de réforme. Novak Djokovic a rejoint le mouvement au cours des derniers mois. Le Serbe se range aujourd’hui dans le camp des partisans de la nouvelle formule.
Détail tout sauf anecdotique: le groupe Kosmos s’est engagé à investir la somme rondelette de 3 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) dans le développement du tennis, via l’ITF. Un pactole qui devrait permettre, selon David Haggerty, d’augmenter le prize money proposé aux équipes et aux joueurs dans la future Coupe du Monde. Le contrat entre les deux parties a été conclu pour une période de… 25 ans!
La proposition sera soumise à l’Assemblée générale de l’ITF en août prochain, à Orlando. Une majorité des deux tiers est requise pour sa mise en œuvre.