Hasan Arat est à Paris. Le patron de la candidature d’Istanbul aux Jeux d’été 2020 a fait étape dans la capitale française, à 39 jours du vote du CIO pour la ville olympique. Une visite très francophone. FrancsJeux l’a rencontré. Interview.
FrancsJeux : Quelle est la raison de cette visite à Paris ?
Hasan Arat : Je suis à Paris pour expliquer notre vision des Jeux olympiques et de notre candidature aux Français et aux francophones. Nous en sommes aujourd’hui à J – 39 avant la décision finale. Avant Paris, j’étais à Barcelone aux Mondiaux de natation, à Londres pour une conférence de presse, en Afrique pour l’Assemblée générale de l’ACNOA… J’irai bientôt à Moscou pour les Mondiaux d’athlétisme, puis à Nanjing pour les Jeux d’Asie de la Jeunesse, enfin aux championnats du monde de badminton et d’aviron. Je ne pense pas passer plus d’une ou deux nuits chez moi avant l’Assemblée générale du CIO à Buenos Aires.
Sur quoi vous concentrez-vous, pendant cette dernière ligne droite ?
Sur les voyages. Je veux rencontrer des membres du CIO, des dirigeants de fédérations internationales, des représentants des médias. A chaque fois, j’explique notre vision des Jeux. La candidature d’Istanbul est la cinquième de la Turquie. Mais beaucoup de choses ont changé depuis la première. Nous sommes aujourd’hui la 16ème économie du monde, nous serons la 10ème en 2023. Depuis 2009, nous avons créé 4,9 millions de nouveaux emplois. Un habitant sur deux, en Turquie, avoue aujourd’hui moins de 25 ans. Lors de notre première candidature, Istanbul ne possédait pas de métro. Aujourd’hui, nous avons même déjà construit la station du stade olympique. Un tunnel sous le Bosphore sera inauguré au mois d’octobre 2013, il permettra de rejoindre les deux rives avec le train.
La France compte trois membres du CIO, avec Jean-Claude Killy, Guy Drut et Tony Estanguet. La France a-t-elle intérêt à voter pour Istanbul ?
Ce n’est pas à moi de répondre. A eux de prendre leur décision.
A ce stade de la campagne, où se fera la différence ?
Pour faire un parallèle avec une compétition sportive, nous sommes en finale, après avoir survécu à tous les matchs précédents. C’est la dernière étape, l’ultime rencontre. Le plus important, maintenant, est de montrer que nous avons confiance dans notre dossier et dans notre planning, que nous pouvons compter sur un soutien très fort de la population et des pouvoirs publics. Surtout, nous devons encore expliquer, et répéter, que le mouvement olympique marquera l’Histoire en choisissant Istanbul.
Pourquoi ?
En choisissant notre ville, le CIO peut ouvrir la porte des Jeux à une nouvelle culture et une nouvelle population. Istanbul est bâtie sur deux continents. Jamais, depuis sa création, le mouvement olympique n’a eu l’opportunité de voir des Jeux se tenir dans un tel lieu. Le marathon, par exemple, partira d’Asie pour se terminer en Europe.
Le français est langue officielle du CIO. En quoi la candidature d’Istanbul est-elle francophone ?
Le sport turc est très francophone. Actuellement, pas moins de 17 joueurs francophones évoluent dans nos championnats de sports collectifs. Didier Drogba, par exemple. Ou encore Isabelle Yacoubou, la joueuse de basket française, qui vient de rejoindre le club de Fenerbahçe. Nous avons toujours entretenu des liens très étroits avec l’Afrique. A titre d’exemple, la compagnie Turkish Airlines dessert quotidiennement 33 destinations en Afrique.
La francophonie est-elle toujours influente au sein du mouvement olympique ?
Oui. Elle n’a rien perdu de son influence. J’ai encore pu m’en rendre compte au début du mois de juillet, à Lausanne, lors de la présentation des trois candidatures devant les membres du CIO.
Entre Madrid et Tokyo, qui craignait-vous le plus ?
Je n’ai pas à faire de commentaires sur les deux autres candidatures. La seule chose que je peux dire est que le dossier d’Istanbul est très fort. Il est unique. Et il est, de loin, le plus abouti de tous les dossiers de candidatures jamais présentés par la Turquie.
Les jeux sont-ils faits, où tout peut-il encore arriver, y compris le jour même du vote ?
Tout peut encore arriver. La présentation, le jour du scrutin, sera importante, peut-être même décisive. La nôtre sera spéciale. Toute notre équipe s’y prépare.
L’élection pour les Jeux de 2020 et le vote pour la présidence du CIO seront-ils liés ? Y aura-t-il des alliances ?
Non, je ne crois pas. Le vote pour les Jeux de 2020 concerne l’avenir du mouvement olympique et la direction qu’il veut prendre. Le choix du prochain président est plus une question « familiale », celle de la grande famille du CIO.