Comment se portent les olympiens? Sont-ils en bonne santé, une fois leur carrière terminée? Sans doute. Pas sûr. A la vérité, personne ne sait. Faute d’une étude menée sur le sujet, la question s’avère sans réponse. Elle ne le sera bientôt plus.
L’Association mondiale des olympiens (WOA) l’a révélé jeudi 19 avril à Bangkok, dans le cadre de SportAccord: une étude sur la santé des athlètes ayant participé aux Jeux olympiques, la première du genre, sera conduite au cours des prochains moins. Elle sera menée en ligne, auprès des quelques 10.000 olympiens ayant mis un terme à leur carrière.
Première étape: établir un état de lieux. Une pré-étude débutée en 2016 a permis de composer un questionnaire. Aux commandes, un groupe d’experts, dont les professeurs Patrick Schamasch et Richard Budgett, l’ancien et l’actuel directeurs médicaux du CIO. Le questionnaire sera envoyé aux olympiens, via les fédérations internationales ou les comités nationaux olympiques. L’enquête se veut très approfondie. Elle se concentre sur le système musculo-squelettique. Vingt-cinq minutes suffisent pour répondre à l’ensemble des questions.
Jean-Christophe Rolland, le président de la Fédération internationale d’aviron (FISA), et Sarah Lewis, la secrétaire générale de la Fédération internationale de ski (FIS), ont été les deux premiers olympiens à compléter leur questionnaire. L’ancien rameur raconte: « Pendant sa carrière sportive, un athlète est souvent très entouré et soutenu sur le plan médical. Mais après sa retraite, il se retrouve seul. Il ne sait pas toujours comment appréhender les problèmes liés à l’inactivité ou les effets d’un important volume d’entraînement. »
Joël Bouzou, son président, l’a expliqué à Bangkok: « Nous nous donnons six mois pour recueillir un maximum de réponses. Il en faudra au moins trois de plus pour les analyser. Les résultats de l’enquête seront ensuite publiés dans le British Journal of Sport Medecine. En préparant cette initiative, nous nous sommes rendus compte qu’il n’existait rien sur le sujet. »
L’enquête se veut exhaustive. Soutenue financièrement par le CIO, elle s’étend à l’ensemble des sports olympiques, hiver comme été. Elle est supervisée par une olympienne, le docteur Debbie Palmer, une ancienne spécialiste du short-track, professeure à l’Université Napier à Edimbourg.
Son objectif? « Etablir une série de conseils et de recommandations à destination des olympiens et des athlètes de niveau« , détaille Joël Bouzou. Jean-Christophe Rolland souligne: « Pendant sa carrière, un athlète pousse le corps à ses limites, parfois au-delà. Mais il en sait souvent assez peu sur les effets de ces efforts et du volume d’entraînement sur sa santé à moyen et long terme. »
Deux autres études devraient suivre. L’une se concentrera sur les aspects cardiovasculaires, l’autre sur les questions psychologiques.