Le vent tourne dans le monde de la voile. Et il ne semble pas faire grand cas du passé et de la tradition. Réuni à Londres, au siège du club de football de Chelsea, le conseil de la Fédération internationale de voile (World Sailing) a planché mardi 15 mai sur le programme des épreuves aux Jeux de Paris en 2024. Le résultat des débats s’annonçait spectaculaire. Il l’a été, au-delà même des prédictions.
A Marseille, site choisi pour les régates olympiques en 2024, la voile présentera un visage inédit. Plus jeune. Plus féminin, surtout. Kim Andersen, le président de World Sailing, l’avait expliqué avant l’ouverture des discussions: « Le CIO s’intéresse d’assez loin à notre choix de bateaux et de séries. Mais il est très attaché au respect de la parité hommes/femmes. »
Pas question, donc, d’en négliger l’importance, sous peine de voir sa proposition retoquée. Le conseil de World Sailing s’est livré à un tri précis et fastidieux parmi les 56 propositions de programme présentées par son groupe d’experts. Il en a finalement choisi la plus orientée vers la jeunesse et la mixité. En clair, la plus en ligne avec l’Agenda 2020 du CIO.
Avant même la réunion londonienne, 5 séries olympiques avaient été confirmées pour les Jeux de Paris 2024: Laser masculin et féminin, 49er masculin et féminin, Nacra 17 mixte. Il restait aux têtes pensantes de World Sailing à en choisir 5 autres pour boucler l’affaire.
Un moment menacée, la planche à voile a sauvé sa tête. Elle sera masculine et féminine. Un beau cadeau à la voile française, régulièrement titrée dans cette discipline.
Annoncé comme un possible entrant, le kitesurf devient olympique. La prime à la jeunesse. Il sera mixte. Coup double, donc. Le CIO devrait apprécier. Reste à définir son support et son format. La Fédération américaine de voile a laissé entendre que la série pourrait être disputée comme une épreuve par équipes.
Les deux autres séries seront un dériveur mixte à deux équipiers, et un dériveur en solitaire, également mixte. Là aussi, il faudra à World Sailing affiner sa proposition en déterminant les bateaux et les formats des course. Pas simple, surtout dans le cas du dériveur mixte en solitaire, où ses dirigeants devront trouver une formule garantissant des chances égales pour les hommes et les femmes.
Sur le papier, l’offre se révèle séduisante. Elle a le mérite de la nouveauté. Elle respecte la parité. Mais elle renvoie par le fond les deux plus vieilles séries de la voile olympique, le 470 et le Finn. Cette dernière classe de bateaux a figuré au programme des Jeux à 17 reprises, de façon consécutive, depuis son introduction en 1952.
Quant à la course au large, une proposition soutenue notamment par Nicolas Hénard, le président de la Fédération française de voile (FFV), elle n’a pas été retenue. Le dirigeant français l’imaginait sous la forme d’une compétition en 48 heures. Il suggérait même qu’elle puisse être testée à la façon d’une exhibition aux Jeux de Tokyo en 2020.
Commentaire de Kim Andersen, le président de World Sailing: « Avec un taux de renouvellement de 50%, ce nouveau programme traduit le changement le plus radical de la voile aux Jeux. Bien sûr, il fait des victimes. Je comprends la déception de certains athlètes. Mais, en tant que marins, nous devons faire face et relever de nouveaux challenges. »
World Sailing devra affiner le programme de la voile aux Jeux de Paris 2024 lors sa prochaine assemblée générale, prévue au mois de novembre 2018. Il sera alors soumis pour validation, en 2020, à la commission excutive du CIO.