Les candidatures aux grands événements sportifs ne sont plus ce qu’elles étaient. Elles évoluent. Elles vivent avec leur temps. Le CIO a montré la voie, l’an passé, en modifiant le processus de sélection de la ville-hôte des Jeux d’hiver en 2026. Une première phase de dialogue avec les pays intéressés, puis une campagne plus courte et moins coûteuse. L’IAAF bouleverse aussi ses habitudes. La Fédération internationale d’aviron (FISA) rejoint à son tour le mouvement. Son président, le Français Jean-Christophe Rolland, l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux : Pourquoi la FISA a-t-elle modifié son processus de sélection des villes-hôtes pour ses grands événements mondiaux ?
Jean-Christophe Rolland : Nous voulions donner à un plus grand nombre de villes l’opportunité d’accueillir une Coupe du Monde ou un championnat du monde. Nous connaissons les sites capables de recevoir nos événements majeurs. Mais les villes doivent s’associer avec les collectivités territoriales pour envisager une candidature. Elles doivent développer toute une stratégie, souvent pour une seule compétition. Avec, au final, un gagnant unique et plusieurs perdants. Nous voulons faire plus de gagnants.
Comment fonctionne votre nouveau processus ?
Nous avons mis en ligne, sur le site Internet officiel de la FISA, un tableau regroupant les étapes de la Coupe du Monde et tous nos championnats du monde pour la période 2021-2025. Les villes intéressées sont invitées, jusqu’au 31 juillet 2018, à remplir les cases des événements pour lesquels elles réfléchissent à une candidature. Une fois la date-limite dépassée, nous aurons une vision précise de l’intérêt suscité par les différentes compétitions. Nous pourrons discuter avec les uns et les autres avec la volonté d’en satisfaire un plus grand nombre. Dans l’hypothèse, par exemple, où trois pays seraient intéressés par les Mondiaux en 2022, nous pourrions leur demander si leur projet serait également valable pour l’année suivante.
Cette démarche est-elle le résultat d’une pénurie des candidatures ? Etes-vous aujourd’hui dans la situation du CIO pour les Jeux d’hiver, où existe le risque de se retrouver face à une absence de choix ?
Tout dépend des événements, mais nous ne sommes pas dans une situation critique. Pour les Masters, par exemple, un événement dont les retombées sont très importantes pour la ville-hôte, les candidatures sont nombreuses. Mais il est parfois difficile de trouver des candidats pour une Coupe du Monde en dehors de l’Europe. Notre démarche s’inscrit plutôt dans notre volonté d’anticiper un phénomène. L’ASOIF a calculé que pour une seule olympiade, le calendrier recensait aujourd’hui 8.300 événements mondiaux sur l’ensemble des 28 sports olympiques d’été. C’est monumental. Avec une telle profusion, il est normal de manquer de candidatures.
Est-ce la fin des campagnes traditionnelles, avec plusieurs villes en course et une élection pour déterminer le dossier vainqueur ?
Non. Nous n’avons pas modifié les statuts de la FISA. La décision d’attribuer les événements reviendra toujours au Congrès pour les championnats du monde et au Conseil pour une étape de la Coupe du Monde. Mais ce nouveau processus nous offre une plus grande souplesse. J’ai été marqué par la réflexion du maire de Los Angeles, Eric Garcetti, à l’occasion de la session du CIO en septembre dernier à Lima. Il a expliqué qu’il fallait en finir de la logique d’un cahier des charges rigide et directif pour les villes candidates, pour se demander comment un grand événement sportif pouvait s’inscrire dans le projet d’une ville ou d’un territoire. La République tchèque et la Serbie, par exemple, ont des projets de développement d’un site d’aviron. Nous pouvons aller les voir pour discuter de la façon dont un grand événement peut accompagner leur projet.
Comment votre démarche est-elle perçue dans le milieu de l’aviron ?
Les premiers échos sont très positifs. Nous envisageons d’ailleurs d’étendre la période concernée au-delà de l’année 2025.
L’aviron compte parmi les sports intégrés aux premiers championnats d’Europe multisports, prévus au mois d’août à Glasgow. Comment se présente cet événement ?
Nous l’avons toujours pris comme une opportunité de faire partie de ce petit noyau de sports. Les retombées pour chacune de ces disciplines seront supérieures à ce qu’elles auraient été avec un championnat d’Europe isolé. Mais pour la suite, il est encore un peu tôt pour se prononcer. Il ne sera pas facile de trouver des dates qui plaisent à tout le monde.