Le CIO peut se frotter les mains: la perspective d’organiser les Jeux d’hiver fait encore des envieux, y compris en Europe. Deux semaines après le retrait de Sion, dont le projet olympique a été envoyé aux orties par un référendum, une nouvelle candidature pointe sa frimousse. Elle est espagnole. Elle vient de Catalogne.
Mardi 26 juin, une réunion au sommet s’est tenue au Musée et Centre d’études du sport Mercior Colet à Barcelone. A la tribune, trois hommes: Juan Antonio Samaranch, le vice-président du CIO; Pere Miro, le directeur général adjoint de l’organisation olympique; Gerard Figueras, le secrétaire général des Sports de Catalogne. Tous les trois sont espagnols. Dans l’assistance, une très respectable délégation de décideurs et d’officiels, venus du mouvement sportif, du monde économique et de l’univers politique.
Le sujet du jour : une possible candidature de Barcelone et des Pyrénées aux Jeux d’hiver. Elle en est seulement au stade de projet. Ses affiches en attestent: elle n’est pas encore attachée à une édition. 2026 ? 2030 ? Mais elle respire. Elle respire même très fort.
Officiellement, la course aux Jeux d’hiver en 2026 n’est plus censée accepter de nouveaux partants. Le CIO avait fixé au 31 mars 2018 la date limite pour déposer un courrier d’intention, une démarche exigée pour entrer dans la nouvelle phase dite de « dialogue ». A cette date, sept comités nationaux olympiques se sont manifestés. Depuis, la Suisse a retiré le projet Sion 2026.
En toute logique, la possible candidature de Barcelone et des Pyrénées devrait donc concerner les Jeux en 2030, une édition pour laquelle les Etats-Unis ont déjà pris position. Mais Gerard Figueras, l’un des intervenants de la réunion de mardi dernier à Barcelone, ne ferme aucune porte: « Notre idée est de demander au comité olympique espagnol une lettre d’intention pour les Jeux d’hiver en 2030. Mais nous pourrions nous porter candidats à l’édition 2026 si le CIO nous le demandait. »
Une candidature catalane aux Jeux d’hiver a longtemps pris l’allure d’un serpent de mer. Elle avait été évoquée pour les Jeux de 2022, avant d’être écartée. Le projet avait ressorti la tête de l’eau pour 2026. Mais la maire de Barcelone, Ada Colau, l’avait retoqué dès l’automne 2015, quelques mois après son arrivée à la tête de la ville, jugeant l’idée peu prioritaire.
Cette fois, pourtant, le dossier semble solide. Juan Antonio Samaranch s’en fait déjà le premier défenseur. « La candidature de Barcelone et des Pyrénées a beaucoup de sens, elle est une bonne idée, a-t-il assuré devant l’assistance. Il faut maintenant la travailler et créer autour du projet une unité de tous les acteurs impliqués: la Catalogne, la ville de Barcelone, l’Etat, le mouvement sportif et la société civile. »
Même son de cloche chez Pere Miro: « L‘initiative catalane a du sens, car elle relierait la montagne et la ville. Elle mettrait Barcelone au service de sa région. Elle pourrait bénéficier de la forte notoriété dont les Pyrénées jouissent aujourd’hui à l’étranger. »
Le projet n’est pas encore officiellement daté, mais il semble déjà très avancé. Le dispositif pourrait regrouper la ville de Barcelone, pour les cérémonies et certaines épreuves de glace, le Val d’Aran, Alt Urgell, l’Hospitalet, la Cerdagne et Badalone. La Catalogne ne possède pas la moindre piste de bobsleigh, luge et skeleton ? Pas grave, a tranché Pere Miro, avant de suggérer que le dossier de candidature pourrait prévoir ces trois disciplines sur le site de la Plagne, utilisé pour les Jeux d’Albertville en 1992.
Alors, 2026 ou 2030 ? Réponse dans les prochaines semaines.