Deux années presque jour pour jour ont passé depuis l’ouverture des Jeux de Rio de Janeiro. Vendredi 5 août 2016, la flamme olympique était allumée au stade Maracana. L’aboutissement d’une préparation marquée par les retards, le coupes budgétaires et les secousses politiques.
Depuis, Rio de Janeiro n’a pas seulement vu l’abandon et la décrépitude gagner un à un tous ses sites olympiques. La ville brésilienne est également confrontée à une nouvelle crise, très inattendue après le passage des Jeux olympiques. Elle touche le tourisme. Et se révèle très spectaculaire.
Selon les derniers chiffres publiés par l’Association brésilienne de l’industrie hôtelière, pas moins de 16 hôtels ont fermé leurs portes à Rio de Janeiro depuis la fin des Jeux d’été en 2016. Le dernier en date, le Mercure de Barra, a cessé officiellement son activité mercredi 1er août 2018.
Les raisons ? Selon les experts du secteur, elles seraient multiples. La crise économique, le regain de violence à Rio de Janeiro après la relative accalmie de la période olympique. Et, plus encore, l’absence d’une campagne de marketing, nationale et internationale, pour surfer sur la vague des Jeux et attirer les touristes.
Alfred Lopes, le président du bureau de Rio de Janeiro de l’Association brésilienne de l’industrie hôtelière, l’a expliqué au quotidien O Globo : « Après les Jeux de 2016, nous n’avons pas eu la moindre campagne de promotion pour vendre Rio au reste du pays et du monde. »
Même son de cloche chez Frédéric Cockenpot, le propriétaire d’un groupe immobilier spécialisé dans l’hôtellerie de luxe : « Le gouvernement brésilien et celui de Rio ont dépensé des milliards pour les Jeux. Mais, une fois la flamme éteinte, ils se sont retrouvés sans un sou pour assurer le suivi. Du coup, il n’y a pas eu une seule campagne pour stimuler le tourisme. »
En 2016, au plus haut du boom touristique à Rio de Janeiro, près de 60.000 chambres d’hôtel étaient disponibles sur le marché. Pendant les Jeux d’été, l’état de Rio a enregistrée l’arrivée de 572.961 visiteurs. Un record.
Mais l’embellie n’a pas duré. Frédéric Cockenpot prévient : « La baisse de fréquentation pourrait continuer encore au moins un an ou deux, si rien n’est fait pour l’enrayer. »
Dans l’univers olympique, il est fréquemment admis que les retombées touristiques des Jeux ne se mesurent pas dans l’immédiat, mais plutôt au cours des années suivantes. A condition, toutefois, de savoir surfer sur l’effet olympique sans relâcher les efforts de promotion.
Ville-hôte des Jeux en 2000, Sydney l’avait constaté, avec une hausse de la fréquentation des touristes étrangers au cours de l’olympiade suivante. A Rio de Janeiro, l’effet est inverse. Les Brésiliens imaginaient que l’investissement consenti pour organiser les Jeux de 2016 suffirait. Ils se trompaient. Faute d’une campagne de marketing post-olympique, le soufflé des JO retombe rapidement.
A l’inverse de Rio de Janeiro, Londres se frotte les mains d’avoir organisé les Jeux en 2012. Une étude dévoilée le mois dernier par UK Sport, six ans jour pour jour après la cérémonie d’ouverture au stade olympique, révèle que la capitale anglaise a engrangé plus de 130 millions de livres (145 millions d’euros) de bénéfices des événements organisés sur les sites des Jeux de 2012.
Au total, 25 compétitions internationales se sont déroulées à Londres, avec le concours de UK Sport, au cours des 6 dernières années. Elles ont rassemblé 1,3 million de spectateurs. A eux seuls, les Mondiaux d’athlétisme 2017 en plein air au stade olympique ont gonflé les caisses de la ville de Londres d’un pactole de 79 millions de livres (88,5 millions d’euros).
L’héritage olympique de Londres 2012 est une réussite, mais elle a un coût. A l’inverse, les Brésiliens n’ont pas pu, ou voulu, poursuivre l’effort financier. Ils le payent au prix fort.