Révélateur. Pour sa première sortie publique après la coupure du mois d’août, Tony Estanguet va enfiler costume et cravate. Puis il va prendre la direction du campus HEC, à Jouy-en-Josas, ce mercredi 29 août en fin d’après-midi.
Le président de Paris 2024 est attendu comme intervenant à l’université d’été du Medef. Il doit prendre la parole en toute fin de programme, dans le cadre d’une table ronde intitulée « Quelle voix pour la France ? » A ses côtés, deux autres invités : Fabienne Dulac, la directrice générale adjointe du groupe Orange, et Lionel Zinsou, l’ancien Premier ministre du Bénin. Curieux casting, résolument hétéroclite.
Après une première année dominée par la question des coûts, la délicate refonte de la carte des sites et la recherche d’un équilibre politique entre les parties prenantes, l’équipe de Paris 2024 s’attaque à l’un des chantiers les plus décisifs de la préparation des Jeux : le marketing. Devant les patrons français, Tony Estanguet va parler business. Le triple champion olympique de canoë va se changer en VRP de l’événement olympique, pour convaincre son auditoire de mettre la main à la poche et s’engager dans l’aventure.
Selon une source interne au COJO, Tony Estanguet a prévu de s’exprimer sur « les Jeux de Paris 2024 comme plateforme de promotion de la France, de son savoir-faire, et sur les opportunités que représente l’événement au cours des 6 prochaines années. »
Son discours est censé insister sur les leçons de la candidature et sur la volonté de fédérer tous les acteurs. Tony Estanguet martèlera le credo de l’ambition, à tous les niveaux du projet, depuis l’organisation proprement dite de l’événement jusqu’à l’exigence de laisser un héritage durable. En passant, bien sûr, par le marketing. Refrain connu. Le patron de Paris 2024 le maîtrise sans une fausse note.
Officiellement, le comité d’organisation doit patienter encore quelques mois avant de pouvoir signer les premiers contrats de partenariat. Selon les règles du CIO, le programme de marketing national ne peut pas commencer avant le 1er janvier 2019. Mais les discussions avec les potentiels sponsors ont déjà débuté. L’université d’été du Medef, ce mercredi sur le campus d’HEC, est soulignée d’un trait épais sur la feuille de route du plan marketing.
A la différence de Los Angeles, Paris 2024 n’a pas prévu de créer une entité commune avec le comité national olympique pour attaquer de front le monde économique. Contrairement aux Californiens, prompts à annoncer leur intention de ramener dans leurs filets un pactole de 2,5 milliards de dollars, l’équipe parisienne n’a pas exprimé la moindre ambition de faire exploser tous les records du genre.
Il n’empêche, le moment est venu pour Tony Estanguet et sa garde rapprochée de passer à l’offensive. Le directeur commercial du COJO, Frédéric Longuépée, un transfuge du PSG où il occupait le poste de directeur général adjoint en charge des activités commerciales, doit prendre ses fonctions au début du mois de septembre. Le « marketing plan agreement » est en cours de finalisation avec le CIO. Les premiers échanges avec les futurs partenaires ont débuté.
Tony Estanguet le sait, son intervention en fin de journée devant le Medef devrait le confirmer : le contexte est favorable. Pendant la phase de candidature, l’équipe de Paris 2024 espérait réunir une douzaine de partenaires privés. Elle en a attiré 15, plus 4 fournisseurs officiels. Depuis, les quelques polémiques sur les risques financiers n’ont pas entamé le capital confiance dont bénéficie le COJO, notamment dans les cercles économiques. Les grands groupes français veulent en être. L’offensive peut commencer.