Cruelle semaine pour le Japon. Après le typhon Jebi, à l’origine de la disparition de 11 personnes, la terre a tremblé dans l’archipel. La secousse sismique, d’une magnitude de 6,7, a été enregistrée très tôt dans la matinée de ce jeudi 6 septembre, sur l’île d’Hokkaido, au nord du pays. Plusieurs dizaines de personnes sont portées disparues. L’île toute entière a été privée d’électricité.
Pas vraiment rassurant, au moment où le comité d’organisation des Jeux de Tokyo reçoit cette semaine plusieurs dizaines de représentants de la presse internationale, à l’occasion du traditionnel World Press Briefing (4 au 7 septembre).
Mais les organisateurs japonais, eux, ne tremblent pas. Ils affichent une sérénité toute asiatique, à l’image de leur premier de cordée, Yoshiro Mori, le président du comité d’organisation. A 81 ans, cet ancien joueur de rugby, passé à la postérité pour avoir occupé le siège de Premier ministre pendant 12 mois, entre 2000 et 2001, parle peu, notamment aux médias. Mais ses propos donnent le ton.
Mardi soir, Yoshiro Mori a ouvert par un discours sobre et sans effet d’annonce la réception d’ouverture du World Press Briefing, organisée à un jeu de pierre du futur centre des médias. Quelques semaines plus tôt, il avait accordé un entretien au Japan Times. L’occasion de livrer ses impression de président des Jeux de 2020 à moins de 2 ans de l’ouverture.
Le dirigeant japonais l’explique de sa voix posée : les travaux de construction des nombreux nouveaux sites olympiques ne l’empêchent pas de dormir. « Je n’ai pas la moindre inquiétude concernant leur avancement, a-t-il confié. Mais nous ne devons pas pour autant faire preuve d’un excès d’optimisme, car nous avons encore de nombreux problèmes à résoudre. »
En tête de liste, un sujet devenu source de polémique depuis plusieurs semaines : le projet de changement d’heure. Yoshori Mori l’explique : « Parmi tous les pays de l’OCDE et du G7, le Japon est le seul à ne pas changer d’heure en été puis en hiver. C’est devenu un standard international. Il est inacceptable que nous ne l’ayons pas adopté. »
Yoshori Mori n’en fait pas mystère : il veut profiter des Jeux de Tokyo pour le faire accepter. Il en a officiellement suggéré l’idée à Shinzo Abe, l’actuel Premier ministre. Depuis, le projet fait son chemin. Au Japon, il divise l’opinion. Mais le président de Tokyo 2020 s’y accroche. « Son impact écologique serait indéniable. Nous devons montrer au reste du monde que nous faisons des efforts dans cette direction. Si nous adoptons le changement d’heure, et surtout s’il est conservé après les Jeux, il restera comme l’un des héritages les plus forts de Tokyo 2020. »
Le projet pourrait être testé dès l’an prochain, pendant les mois d’été, avant d’être appliqué en 2020. Le Japon avancerait sa montre de 2 heures d’un coup. Le décalage horaire avec l’Europe (Paris, Madrid, Berlin…) passerait alors de 7 à 9 heures. Cela permettrait de gagner deux heures sur le soleil, et de retarder les risques de fortes chaleurs sur certaines épreuves d’endurance, dont le marathon et la marche athlétique.
Autres sujets d’inquiétude pour Yoshiro Mori : le trafic routier et le terrorisme. « Nous devons adopter au plus vite une loin anti-terrorisme », a-t-il expliqué au Japan Times.
Les routes ? Elles ont souffert de l’épreuve du temps. « La plupart de nos autoroutes datent de l’époque des Jeux de Tokyo 1964, reconnaît Yoshiro Mori. Depuis, la population a augmenté et l’économie s’est développée. Nous avons besoin de rénover et moderniser notre réseau. Pendant les Jeux olympiques et paralympiques, nous aurons à souffrir des embouteillages. »
A 81 ans, Yoshiro Mori évoque l’héritage des Jeux avec des paroles de vieux sage. « Le plus important, dit-il, n’est pas de laisser des stades et des gymnases neufs. Le plus important est ce que les gens vont apprendre et retenir de leur expérience d’avoir accueilli les Jeux olympiques. »