Une page va se tourner, ce vendredi 7 septembre, dans le monde du biathlon. Pour la première fois depuis sa création en juillet 1993, sa fédération internationale, l’IBU, va changer de président.
L’élection, organisée dans le cadre du congrès annuel, dans la ville croate de Porec, aurait pu se dérouler sous l’air des flonflons. Après tout, l’IBU célèbre cette année son 25ème anniversaire. En un quart de siècle, la discipline est devenue l’une des attractions des Jeux d’hiver. Sportivement et médiatiquement, elle se porte comme un charme.
A Porec, ce vendredi, il ne sera pourtant pas question de souffler les bougies. L’institution est en crise depuis le printemps dernier et les révélations de corruption de son président historique, le seul à ce jour, Anders Besseberg, accusé d’avoir touché des pots-de-vin en échange de son silence sur des affaires de dopage dans le biathlon russe.
Le septuagénaire norvégien a été poussé dans les orties. La secrétaire générale de l’IBU, l’Allemande Nicole Resch, a elle aussi préparé ses cartons et débarrassé son bureau de Salzbourg. La fin d’une époque.
Pour succéder à Anders Besseberg, deux candidats font campagne depuis plusieurs mois. Mais chacun traîne son lot de casseroles. D’un côté, la Lettone Baiba Broka, ex ministre de la Justice dans son pays, présidente de la fédération nationale depuis deux ans. De l’autre, le Suédois Olle Dahlin, un homme du sérail, vice-président de l’IBU depuis quatre ans, en charge du développement.
A l’évidence, Baiba Broka incarne le changement. Elle est jeune (42 ans). Elle n’a jamais siégé à l’IBU. Elle apporte un regard neuf. Elle n’a pas été affectée par la crise de gouvernance qui a secoué l’organisation au moment du scandale Anders Besseberg.
Seul ennui, mais de taille : la dirigeante politique lettone n’a pas été épargnée par les affaires. Ministre de la Justice pendant moins de 7 mois, entre janvier et août 2014, elle a été visée par une campagne de presse évoquant des relations présumées avec le milieu criminel.
Baiba Broka est membre de l’Alliance nationale, un parti de droite nationaliste. Depuis le début de la campagne pour la présidence de l’IBU, la Lettone est accusée par son rival suédois d’être la candidate de l’ex bloc soviétique, donc de la Russie, dont la fédération de biathlon est actuellement suspendue. Elle dément. Logique.
En face, Olle Dahlin, se dresse en candidat de l’establishment. Membre du comité directeur de l’IBU depuis 4 ans, il passait pour un proche d’Anders Besseberg. Il a tenté de s’en écarter, mais son passé et son parcours ne contribuent pas vraiment à un faire un garant du renouvellement. Surtout, son obstination à dénigrer sa rivale, l’accusant d’être à la solde de la Russie, en ont choqué beaucoup dans le monde du biathlon.
Prévue en fin de journée, ce vendredi, l’élection se déroulera selon un processus classique : chacune des 56 fédérations nationales possède une voix, une majorité simple suffisant à l’emporter. Précision : la Russie ne sera pas autorisée à prendre part au vote. Il ne sera pas non plus possible à ses dirigeants de briguer la moindre position au sein de l’IBU.
A Porec, paisible ville moyenne de la Croatie, la journée s’annonce chargée pour les délégués de l’IBU. En marge de l’élection à la présidence, il leur faudra choisir entre cinq postulants pour le siège de vice-président, dont le sulfureux Biélorusse Viktor Maygurov, le Norvégien Tore Boygard, l’Allemand Frantz Steinle et le Slovaque Ivor Lehotan. Le bureau exécutif sera également renouvelé, avec 17 candidats déclarés pour seulement 6 sièges.
Autre dossier brûlant : le cas de la Fédération russe de biathlon. Suspendue depuis décembre 2017, elle a perdu son statut de fédération membre de l’IBU et son droit de vote. A Porec, les délégués devront statuer son avenir. Pas simple.
Il leur faudra également adopter une position commune sur la place de la discipline aux Jeux olympiques. En juillet dernier, le CIO a notifié à l’IBU sa décision de réduire la présence du biathlon aux Jeux de Pékin 2022, avec 20 quotas en moins. Sur le moment, l’IBU a hurlé à l’injustice. Son congrès doit désormais adopter de nouvelles règles de qualification pour les prochains Jeux d’hiver.
Enfin, l’IBU soumettra au vote l’attribution des Mondiaux en 2021 et 2023. Pour la première de ces deux éditions, la ville slovène de Pokljuka est seule en lice. Mais il faudra départager, pour les Mondiaux en 2023, les candidatures des Tchèques de Nove-Mesto et des Allemands d’Oberhof.