Période de gros temps en vue pour l’Agence mondiale antidopage. L’organisation présidée par Craig Reedie agite le mouvement olympique, depuis la fin de la semaine. Avec, une nouvelle fois, le dossier russe en toile de fond.
Tout commence vendredi 14 septembre, par la publication d’un communiqué de presse où l’AMA révèle, ou au moins suggère, sa volonté de lever très prochainement la suspension de l’agence russe antidopage (Rusada). « Le comité indépendant de révision de conformité a recommandé au comité exécutif de l’AMA la réintégration de la Rusada lorsque le comité exécutif se réunira le 20 septembre », peut-on lire dans le document.
Il précise que, selon le comité indépendant de révision de conformité, la Russie remplit désormais les deux conditions exigées par l’AMA pour la réintégration de son agence antidopage : la reconnaissance des conclusions du rapport McLaren sur un dopage à l’échelon national, et l’accès aux données et échantillons du laboratoire de Moscou.
Le texte du communiqué mentionne qu’il s’agit à ce stade d’une recommandation. Rien n’est fait, donc. Il n’empêche, il semble alors quasi certain que le comité exécutif va la suivre lors de sa réunion du 20 septembre. Et lever enfin une suspension effective depuis le mois de novembre 2015.
Sans grande surprise, le communiqué de presse de l’AMA a provoqué un sérieux incendie dans le mouvement olympique. En Amérique du Nord, notamment.
Travis Tygart, le président de l’agence antidopage américaine (Usada), n’est pas resté sans réaction. « Cela sent extrêmement mauvais, a-t-il commenté. L’AMA a montré ce jour sans équivoque au monde le type d’organisation qu’elle est : une organisation qui place les désirs d’une poignée de dirigeants au-dessus des droits de millions de sportifs propres. C’est une triste situation pour une institution autrefois respectée. »
Réaction encore plus radicale de la Canadienne Beckie Scott, l’une des six membres du comité indépendant de révision de conformité. La championne olympique de ski de fond a claqué la porte. Elle a démissionné du comité.
Depuis, l’AMA tente de remonter le courant. Avec peine, semble-t-il. Au lendemain de son premier communiqué, annonçant la fin prochaine du purgatoire pour le sport russe, elle en a publié un second.
« L’AMA souhaite aborder les rumeurs et la désinformation qui circulent en grande partie en raison de documents qui ont fuité dans le domaine public », explique le document. Une référence directe à un courrier envoyé en juin dernier à Pavel Kolobkov, le ministre russe des Sports, rendu public par la BBC.
Dans cette lettre, Craig Reedie, le président de l’AMA, et Olivier Niggli, le directeur général, informent leur interlocuteur russe que « la période est la plus opportune pour résoudre les deux conditions qui n’ont pas été encore remplies ». En clair, ils ouvrent la voie à la négociation.
Dans son communiqué, l’AMA défend sa démarche. « La manière dont l’AMA a approché le ministre russe des Sports avait été recommandée par le comité indépendant de révision de la conformité lors de sa réunion du 14 juin 2018 et est entièrement conforme à la feuille de route pour la réintégration de la Russie établie en janvier 2017″, précise l’organisation basée à Montréal.
Son communiqué poursuit : « Les propositions faites dans cette lettre sont ancrées dans le pragmatisme et proviennent de la feuille de route, afin de parvenir à une conclusion dans ce dossier et de ne pas voir disparaître les efforts réalisés par l’agence russe antidopage (Rusada) depuis deux ans, sous la supervision de l’AMA. »
La réunion du comité exécutif de l’AMA, jeudi 20 septembre, s’annonce tendue. La Russie n’est peut-être pas aussi proche que cela de la fin du tunnel.