Paradoxe. Au moment où la course aux Jeux d’hiver 2026 se réduit à trois dossiers, pas un de plus, les Jeux d’été en 2032 font saliver la terre entière. A 7 ans du vote, tout le monde les veut.
En fin de semaine passée, Thomas Bach a confirmé avoir reçu une lettre d’intention très officielle des autorités politiques et sportives d’Indonésie. Joko Widodo, le chef de l’Etat, avait profité de la cérémonie d’ouverture des Jeux Asiatiques, le 8 août dernier à Jakarta, pour annoncer son intention de postuler aux Jeux d’été en 2032. Le dirigeant asiatique n’a pas traîné pour confirmer son ambition par un document plus formel. Un courrier d’intention est arrivé au siège du CIO à Lausanne. Il est signé par Joko Widodo et par le président du comité olympique indonésien.
Une autre candidature vient de sortir du bois. Surprise : elle est sud-américaine. Invité à s’exprimer pendant le forum « Olympisme en Action », vendredi 5 octobre à Buenos Aires, le président argentin, Mauricio Macri, a exprimé très publiquement sa volonté de franchir un pas supplémentaire. Après les Jeux de la Jeunesse, l’Argentine pourrait se porter candidate aux Jeux d’été en 2032.
« De toute évidence, une fois ce magnifique événement terminé (les Jeux de la Jeunesse), nous pourrons penser à organiser les Jeux olympiques, a expliqué Mauricio Macri sur la scène du forum, où il était assis en compagnie de Thomas Bach. C’est évidemment beaucoup plus difficile. Nous sommes aujourd’hui très concentrés sur notre combat contre la pauvreté. Un événement comme les Jeux olympiques coûte cher. Mais dans une période où les tensions sont importantes, et où nous avons besoin de construire des ponts nouveaux, le sport révèle un pouvoir unique pour élever des passerelles plus solides que celles construites en métal. »
A ce stade, l’Argentine n’en est pas encore à coucher sur le papier les grandes lignes d’un dossier de candidature. Thomas Bach lui-même l’a rappelé : « Nous savons que l’Argentine traverse actuellement une période difficile. Mais le pays s’en relèvera, nous en sommes convaincus. La prochaine édition des Jeux à attribuer concerne l’année 2032. Les Argentins auront tout le temps d’étudier la question. »
Thomas Bach ne ferme pas la porte. En ces temps d’incertitude sur le front des candidatures, le président du CIO est passé maître dans l’art de laisser entrer tous les potentiels partants. Il sait même trouver les mots pour leur donner toutes les raisons d’espérer, y compris lorsque leurs chances se révèlent minces.
A Buenos Aires, Thomas Bach a donc assuré, une main sur le cœur, que l’Argentine ferait un sérieux candidat aux Jeux d’été en 2032. « L’Argentine est un grand pays, un pays à très fort potentiel, avec une population passionnée de sport et de bonnes infrastructures, a expliqué Thomas Bach en conférence de presse, samedi 6 octobre. Il pourra à coup sûr organiser les Jeux. Je n’ai aucun doute là-dessus. Après les Jeux de la Jeunesse, il sera même en position encore plus favorable pour organiser les Jeux olympiques. Nous allons suivre de près ce qui se passe en Argentine. »
Buenos Aires a déjà tenté sa chance dans la course aux Jeux. La capitale argentine avait présenté une candidature aux Jeux d’été en 1956 (Melbourne), 1968 (Mexico), et 2004 (Athènes). Sur le papier, sa fragilité économique ne plaide pas en sa faveur, le CIO ayant été échaudé par l’expérience douloureuse des Jeux de Rio 2016. Mais la réussite probable des JOJ 2018 pourrait renforcer son dossier.
Surtout, Buenos Aires 2018 s’impose déjà comme l’un des meilleurs élèves, sinon le meilleur, dans l’art de la réduction des coûts. Selon Thomas Bach, la facture finale des Jeux de la Jeunesse devrait afficher une baisse de 40% du budget initial, établi au début de la préparation à 200 millions de dollars.
Avec les candidatures déjà annoncées, ou seulement murmurées, de l’Australie, l’Inde, l’Allemagne, la Russie, l’Indonésie, et maintenant l’Argentine, la course aux Jeux d’été 2032 s’annonce massive. Mais tout peut encore arriver avant le signal de départ. Pour les Jeux d’été en 2024, cinq villes avaient fait acte de candidature. Elles ont été seulement deux, Paris et Los Angeles, à rester en vie jusqu’à la ligne d’arrivée.