Les Jeux de PyeongChang 2018 l’ont mis en pleine lumière, avec le défilé commun des deux Corée à la cérémonie d’ouverture. Depuis, la tendance s’est encore amplifiée : l’année 2018 restera marquée par le concept de la paix par le sport. Une bonne nouvelle pour l’organisation Peace and Sport, pionnière et chef de file du mouvement.
Elle organise ce jeudi 18 octobre sur l’île de Rhodes, en Grèce, son forum régional, autour de la thématique du sport au service des sociétés en mutation. Son président et fondateur, Joël Bouzou (photo ci-dessus, 5ème en partant de la gauche), a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Comment se présente le forum régional Peace and Sport 2018 en Grèce ?
Joël Bouzou : Nous avons souhaité organiser cette année un forum régional pour évoquer et débattre des problématiques spécifiques du bassin méditerranéen. Nous avons réuni un panel de personnalités issues de l’ensemble des pays de la région. Avec la volonté d’aller le plus loin possible dans l’échange et la discussion, pour entrer dans le détail des actions et des initiatives menées ou à mettre en place. La dimension régionale le permet.
Le bassin méditerranéen touche une grande diversité de pays, en Europe du Sud, au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Sur le terrain du sport, présentent-ils des similitudes ?
Oui. Nous en avons identifié deux. La première tient à la pratique sportive. Elle se manifeste souvent de façon simple, avec un minimum de moyens, en se passant parfois de la moindre infrastructure. En Grèce, par exemple, les autorités ont accueilli en 2015 près de 3.000 réfugiés, en seulement une semaine, sur une île jusque-là habitée par 300 personnes. Malgré l’absence d’un terrain, elles ont utilisé le football pour intégrer ces réfugiés et créer du lien entre les communautés. L’autre point commun dans le bassin méditerranéen est plus diplomatique. L’exemple des deux Corée a fait son chemin. Aujourd’hui, des pays comme la France, l’Espagne, la Turquie ou l’Egypte, par exemple, évoquent tous le sport comme un outil diplomatique.
Le CIO a récemment annoncé sa décision de prolonger l’expérience des Jeux de Rio 2016 en formant une nouvelle équipe de réfugiés aux Jeux de Tokyo 2020. Derrière cette vitrine très médiatique, quelle est la réalité des millions d’autres réfugiés qui ne verront jamais les Jeux olympiques ?
L’initiative du CIO est très médiatique, certes, mais elle constitue une indispensable vitrine pour servir la cause de la paix et l’intégration par le sport. Son impact est considérable. Bien sûr, une équipe olympique de réfugiés, aux dimensions forcément réduites, ne suffit pas. Mais elle contribue à susciter les initiatives de terrain, à un niveau plus local, et à faire avancer les choses. A Peace and Sport, nous travaillons avec les fédération internationales pour imaginer des solutions concrètes, puis mettre en place des programmes, pour offrir à ces réfugiés l’opportunité de débuter une seconde vie après les drames qu’ils ont vécus. On évoque actuellement, par exemple, l’idée que les réfugiés puissent participer aux Jeux non plus au sein d’une équipe dédiée, mais sous leurs propres couleurs, même après avoir quitté leur pays d’origine.
L’éclairage très médiatique apporté cette année par le rapprochement des deux Corée a-t-il un effet sur votre organisation, sur son travail et sur ses moyens ?
Bien sûr. Tout cela nous aide. Mais nous n’avons pas attendu les Jeux de PyeongChang pour travailler à la réunification des deux Corée sur le terrain sportif. Avec René Fasel, le président de la Fédération internationale de hockey-sur-glace, nous avions initié le mouvement en réunissant les deux équipes féminines coréennes pour une photo. Une équipe unifiée des deux pays a été alignée en judo, cette année, lors d’une compétition à Bakou. L’éclairage médiatique apporté par les derniers Jeux d’hiver nous pousse à aller plus loin. En tant que leaders du mouvement, nous sommes déjà concentrés sur le combat d’après. Nous travaillons avec les fédérations internationales pour élargir le spectre. Nous voulons exposer au grand jour des régions du monde moins visibles, où le sport peut faire avancer la diplomatie. Il reste beaucoup de travail à accomplir.