La course aux Jeux d’hiver 2026 avait débuté comme une épreuve de masse. Elle est devenue depuis la semaine passée un simple duel. Mais au CIO, le discours ne change pas. Tout va bien, le ciel est bleu et la ville est belle.
Présent en Suède en fin de semaine dernière, le directeur des Jeux olympiques au CIO, Christophe Dubi, a conservé son sourire pour commenter la situation à 6 mois du vote, après le retrait de Calgary. Selon lui, le CIO est « très à l’aise » avec les deux projets en cours, portés respectivement par Stockholm et l’alliance formée de Milan et Cortina d’Ampezzo.
Dans les deux cas, les dossiers présentés collent à merveille avec la volonté de l’organisation olympique, affichée avant même le début de la campagne : attribuer les Jeux d’hiver à une ville et un pays traditionnels des disciplines de neige et de glace. En clair, revenir aux origines, après les épisodes Sotchi 2014 et PyeongChang 2018.
Christophe Dubi l’a expliqué aux médias suédois : « Nous avons maintenant deux projets ancrés dans les sports d’hiver et habitués à organiser des événements dans ces sports. Et nous sommes très fiers que ces deux initiatives se soient alignées sur les résolutions de l’Agenda 2020. »
Pour Christophe Dubi, les deux derniers concurrents encore dans la course pèsent du même poids. Le Suisse n’hésite pas à parler d’une confrontation très équilibrée. « C’est du 50/50″, a-t-il admis devant la presse à Stockholm. Avec ce commentaire : « Bien que nous ne puissions pas comparer les Suédois et les Italiens, les deux partagent un même amour des sports d’hiver, porté par des gens animés d’une grande passion. »
En Italie, le gouvernement a assuré en fin de semaine passée par la voix du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvani, qu’il ferait « le dernier geste » dans l’éventualité où le financement privé se révélerait insuffisant.
En Suède, les porteurs de la candidature n’en sont pas encore là. Il leur faut convaincre le conseil municipal de Stockholm d’apporter son soutien, au moins politique, à défaut d’être financier. Un souci ? Même pas. Christophe Dubi l’a confié aux médias : « S’il n’y a pas de gouvernement, nous pouvons continuer avec tout le reste, puisqu’il représente 98,5% du travail. » En clair, nul besoin d’un soutien affirmé des autorités, avec un projet financé pour sa quasi-totalité avec des fonds privés.
Mieux : le CIO serait prêt à bousculer ses règles en accordant aux Suédois, si besoin, un délai supplémentaire pour obtenir les garanties de la ville et de l’Etat. Elles sont censées figurer dans le dossier de candidature, à déposer à Lausanne au plus tard le 11 janvier 2019. « Mais dans des situations exceptionnelles, nous pouvons faire preuve d’une flexibilité exceptionnelle, a suggéré Christophe Dubi. Il n’y a aucune raison d’arrêter l’ensemble de ce projet avant que la garantie soit en place. Nous aimons beaucoup cette candidature. »
Avec seulement deux rivaux encore dans la course, le CIO n’a plus le choix. Il doit les protéger et leur faciliter la tâche, quitte à enfreindre ses règles et ses usages.
Une réunion qualifiée de cruciale, voire décisive, est prévue cette semaine à Stockholm. Autour de la table, les porteurs du projet feront face aux élus locaux. Objectif : trouver un accord entre les deux camps autour d’un dossier low-cost, ne prévoyant aucune construction coûteuse (les épreuves de bobsleigh, luge et skeleton seraient disputées en Lettonie), où le seul apport des autorités concernerait les dépenses liées à la sécurité.
Pour Christophe Dubi, il ne fait aucun doute que les deux parties trouveront un terrain d’entente. « Lorsque les politiciens comprendront que nous faisons ce dont nous parlons, ils se rendront compte qu’ils ont devant eux une excellente opportunité financière », a-t-il expliqué. Peut-être. Pas sûr.