Inédit et spectaculaire. Trois nageurs internationaux, dont une multiplie championne olympique, poursuivent la Fédération internationale de natation (FINA) devant les tribunaux. Ils ont saisi une cour de justice à San Francisco, aux Etats-Unis, dans le cadre d’un recours collectif antitrust.
En cause, la décision de la FINA d’interdire la tenue à la fin du mois de décembre à Turin d’un meeting de 4 jours mis sur pied par une organisation concurrente, l’International swimming league (ISL). La FINA a fait pression sur la Fédération italienne de natation, dont le président, Paolo Barelli, était pourtant favorable à cette nouvelle compétition, où le prize money devait être supérieur à celui versé dans les meetings du circuit traditionnel.
En prime, la FINA a menacé d’une suspension allant jusqu’à 2 ans les nageurs qui décideraient de s’aligner au meeting de Turin. L’épreuve a été retirée du calendrier. Fin de l’histoire ? Sûrement pas.
Trois nageurs ont décidé de saisir la justice. La Hongroise Katinka Hosszu, triple médaillée d’or olympique aux Jeux de Rio 2016 (100 m dos, 200 et 400 m 4 nages), les Américains Tom Shields et Michael Andrew, tous deux champions du monde, attaquent la FINA.
« Nous sommes plus prêts que jamais d’atteindre notre rêve, mais ce rêve est bloqué par la FINA », explique Tom Shields dans un communiqué. « Peu de nageurs vivent de la natation quand la FINA l’utilise pour s’enrichir, suggère Michael Andrew. Le cœur des priorités de la FINA n’est pas les athlètes. La FINA fait revivre les heures sombres de notre sport en bloquant la demande de l’ISL. »
La Hongroise Katinka Hosszu insiste : « Ma passion a toujours été de de pousser la natation dans la direction qui permet aux nageurs d’être des partenaires de l’instance dirigeante, pas ses marionnettes. L’ISL prend les nageurs au sérieux, contrairement à la FINA. »
Dans le même temps, l’International swimming league ne reste pas les bras croisés. Contrainte d’annuler son meeting à Turin, elle a décidé à son tour d’assigner la FINA en justice pour comportement anticoncurrentiel. Son directeur général, Ali Khan, explique dans un communiqué : « Les instances dirigeantes et les entreprises commerciales coexistent dans d’autres sports et parviennent même à travailler de concert pour l’améliorer. Mais les priorités de la FINA ne sont simplement pas alignées avec celles des nageurs et, à cause de cela, la natation n’a pas pu évoluer avec le temps. L’ISL mérite une chance d’offrir aux nageurs plus d’opportunités de participer à des compétitions et de vivre de leur sport, pas de subir les caprices de la FINA. »
Dans cette guerre des communiqués, la FINA a dégainé le sien depuis la ville chinoise d’Hangzou, où se déroulent les championnats du monde en bassin de 25 m. Il se révèle très sec. Il ne cite pas nommément les trois plaignants. « La FINA a pris note des documents déposés auprès du tribunal américain du district nord de la Californie, explique l’institution. En tant que champions du monde et olympique, les nageurs en question comprendront mieux que d’autres que l’attention de la FINA est actuellement concentrée sur les 950 nageurs, dont deux des athlètes en question, issus des 180 fédérations membres participant aux 14e championnats du monde de natation à Hangzhou, où une dotation financière de 2,07 millions de dollars sera distribuée. »
L’organisation internationale poursuit : « La FINA accordera néanmoins toute son attention aux dépôts et constituera une défense solide, le cas échéant. Pendant ce temps, à Hangzhou, la commission des athlètes de la FINA consultera les nageurs afin de continuer à s’assurer que leurs voix sont clairement entendues au sein des instances décisionnelles de la FINA. »
Affaire à suivre.