Rien ne se passe jamais comme prévu dans le football africain. Le choix du pays-hôte de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 était annoncé pour ce mercredi 9 janvier. Il a été dévoilé mardi avec une journée d’avance.
La décision, en revanche, n’a pris personne par surprise. L’Egypte était présentée depuis plusieurs jours comme une solide favorite. Son influence au sein de la Confédération africaine de football (CAF), notamment, la plaçait en position favorable face à son seul adversaire, l’Afrique du Sud. Sans réel suspense, elle a raflé la mise.
Selon les reporters présents à l’hôtel Terrou-Bi de Dakar, où s’est tenu mardi 8 janvier le comité exécutif extraordinaire de la CAF, l’affaire semblait pliée avant même l’heure du vote. L’AFP rapporte que le président de la Fédération égyptienne de football, Hany Abo Rida, multipliait les selfies avec les journalistes de son pays, tout sourire, dans l’attente de l’annonce officielle. Au même moment, son homologue sud-africain, Danny Jordaan, traînait sa peine dans le hall de l’hôtel, seul et résigné.
Ahmad Ahmad, le président de la CAF, a révélé lui-même le choix de ses pairs : « Après avoir écouté le cabinet d’audit Roland Berger, après avoir analysé la situation, après avoir écouté les deux candidats, nous sommes passés au vote. Aujourd’hui, je suis heureux de vous annoncer que c’est l’Egypte qui va accueillir la CAN 2019. »
Son succès, l’Egypte l’a construit sans chercher à réinventer la roue. Ses dirigeants ont puisé dans le vieilles recettes : un solide réseau d’influence et l’appui sans nuance des autorités politiques. Ahmad Ahmad l’a expliqué au micro de RFI : « Dans l’autre dossier, il n’y avait pas d’engagement de la part du gouvernement. Tandis que dans le cas de l’Egypte, il y a l’engagement du Premier ministre et par-dessus tout un budget qui a déjà été alloué. »
Pendant sa campagne, la Fédération égyptienne de football a également su rappeler à Ahmad Ahmad que sa victoire face au Camerounais Issa Hayatou pour la présidence de la CAF, en mars 2017, n’aurait sans doute pas été possible sans le soutien de l’Egypte. Influence et engagement, donc. Elémentaire.
Pour l’Egypte, la décision de la CAF sonne comme une revanche politique. Le pays était candidat à l’organisation de la Coupe du Monde en 2010, la première de l’histoire, la seule à ce jour, disputée sur le continent africain. Mais la FIFA lui avait préféré l’Afrique du Sud.
Dans un pays où le football dépasse largement le cadre du sport, l’accueil de la CAN 2019 s’inscrit dans une tradition politique unique sur le continent. Tous les présidents égyptiens ayant accompli au moins un mandat dans sa totalité ont en effet eu leur Coupe d’Afrique des Nations. Gamal Abdel Nasser avait accueilli l’événement en 1959. En 1974, Anouar el-Sadate a eu la sienne. Puis le tour est venu d’Hosni Moubarak, à la tête du pays en 1986 et 2006 lors des deux éditions suivantes de la CAN en Egypte. L’actuel chef de l’Etat, Abdel Fattah al-Sissi, élu une première fois en 2014, réélu l’an passé, poursuivra la tradition.
Pour l’Egypte, le plus dur commence. Le pays dispose de moins d’un semestre pour monter un événement organisé pour la première fois pendant l’été (15 juin au 13 juillet 2019), avec un nombre record de 24 équipes. Il possède les stades et présente un parc hôtelier aux normes de l’événement. Mais la question de la sécurité reste un immense point d’interrogation.