Son premier mandat n’a pas été de tout repos. Entre la crise russe, les suites de l’affaire Diack, le recrutement puis le départ de son directeur général, Sebastian Coe peut compter sur les doigts d’une seule main les moments où la présidence de l’IAAF l’a plongé dans un état de béatitude et de sérénité. Mais le Britannique en veut encore.
A 62 ans, Seb Coe veut rempiler. Il n’en avait jamais vraiment fait mystère. Mais, cette fois, ses propos laissent peu de place au doute. Présent jeudi 31 janvier à Abou Dhabi, où il était l’un des invités du Sport Business Summit, l’ancien patron des Jeux de Londres 2012 a confié : « J’ai la passion d’aller jusqu’au bout. Je pense que nous avons pris un bon départ, dans des circonstances pourtant assez difficiles. Mais j’aimerais avoir l’occasion de voir plus loin. » Une façon à peine déguisée de se déclarer candidat à sa propre succession.
En 2015, Sebastian Coe avait dû batailler ferme pour remporter la mise. Il avait mené une campagne de plus d’une année, visitant la planète entière sans trébucher sur les fuseaux horaires, pour écarter Sergueï Bubka, son rival pour la succession de Lamine Diack. Il avait recueilli 115 voix, contre 92 pour l’ex perchiste ukrainien. Tout sauf un raz-de-marée.
Cette fois, l’affaire se présente sous un jour nettement plus éclairci. A Doha, en septembre prochain, le Britannique pourrait bien se retrouver seul en lice. Sa réélection prendrait alors l’allure d’un plébiscite, avec standing-ovation et une larme d’émotion au coin de l’œil.
En attendant, son agenda de président de l’IAAF s’annonce corsé. En tête de liste, la question russe. Interrogé par l’AFP à Abou Dhabi, jeudi 31 janvier, sur les chances du pays d’être réintégré à temps pour les Mondiaux de Doha 2019, Sebastian Coe a répondu sans répondre. « On fait des bons progrès. Il reste encore beaucoup de questions en suspens que le groupe de travail veut traiter d’ici à… notre prochaine réunion du Conseil », a-t-il expliqué. La réunion en question est prévue au mois de mars.
Autre sujet d’actualité : la situation du Qatar, pays-hôte des Mondiaux 2019, dont les relations diplomatiques et économiques ont été rompues depuis juin 2017 par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l’Egypte, en raison de ses soutiens présumés aux mouvements extrémistes.
Sebastian Coe se veut confiant. « Le dialogue est ouvert avec toutes ces fédérations et, bien sûr, il est important que nous fassions le plein à nos championnats du monde, a-t-il répété. Je ne vois aucune raison que ce ne soit pas le cas. Je ne vais pas enchaîner les commentaires sur ces discussions, qui ont déjà eu lieu et se poursuivront, mais je suis plutôt confiant et optimiste dans la mesure où tout le monde reconnait que le sport doit primer. »
Pour ces Mondiaux, les premiers de l’histoire organisés au Moyen-Orient, le président de l’IAAF se voit volontiers en instigateur du changement. Il veut innover. Il rêve d’un athlétisme plus moderne, et en même plus universel.
« Si notre sport veut être mondial, il est très important que cela se traduise par des actes, et pas seulement des déclarations dans les congrès et conférences comme celle-ci », a insisté Seb Coe à Abou Dhabi. Une façon de justifier le choix, régulièrement critiqué, d’attribuer l’événement au Qatar. « Soixante pour cent de la population mondiale vit en Asie, dit-il. Commercialement, ce marché est très important, mais nous n’avons pas encore exploité tout son potentiel. »
Pour le président de l’IAAF, la révolution de l’athlétisme doit également être technologique. Sebastian Coe insiste : « Les athlètes doivent accepter que les nouvelles technologies soient un peu plus intrusives. Les caméras, par exemple, pourraient être encore plus près de la ligne de départ, dans les épreuves de sprint. Dans un monde comme le nôtre, ce sont les images qui connectent un sport et ses athlètes avec les spectateurs et avec les marques. » A l’évidence, l’un des chantiers de son prochain mandat.