Curieux. Emmanuel Macron a profité d’un débat public avec des élus et des associations d’Ile-de-France à Evry-Courcouronnes, lundi 4 février, pour critiquer ouvertement l’impact des Jeux de 2024 dans les quartiers de Seine-Saint-Denis.
« Aujourd’hui, on n’est pas au rendez-vous de l’ambition que ce grand événement 2024 doit avoir pour les quartiers d’Île-de-France qui sont les premiers concernés, a suggéré le chef de l’Etat. Donc, on va travailler, parce que là je ne suis pas content. Il est clair que la région, et tout particulièrement la Seine-Saint-Denis, parce qu’elle est la plus impactée par quelques grands équipements, n’a pas le juste retour et donc ça c’est un point qu’on va retravailler. On a une charte qui a été signée, qui permet d’avoir des premiers éléments sur les garanties d’embaucher et autres. Mais ça reste trop faible. On doit avoir, avec l’horizon 2024, une vraie capacité à tirer d’abord le sport à l’école, à tirer le sport bien-être, à tirer et structurer toutes les fédérations qui sont prêtes à jouer le jeu, avec une réflexion sur le sport bénévole. »
Il n’en a pas fallu plus pour déclencher un début de polémique. Michel Savin, le député (Les Républicains) de l’Isère, par ailleurs président du groupe « d’études pratiques sportives et grands événements sportifs », a dégainé comme à son habitude un communiqué très critique. « Le gouvernement abandonne le sport et enchaîne les mauvais signaux, écrit-il. Baisse drastique des budgets depuis 2017, baisse des crédits du CNDS venant soutenir les territoires, suppression des emplois aidés alors que 80 % de ces emplois sont pérennisés, abandon du Plan Borloo qui assurait la promotion du sport dans les quartiers difficiles, suppression de l’option sport au baccalauréat… »
Présentée par ses proches comme un « rappel à l’ordre » des engagements de l’Etat envers les banlieues, en particulier en Seine-Saint-Denis, la sortie d’Emmanuel Macron interpelle. Pourquoi maintenant, en pleine Semaine olympique et paralympique, au moment où le COJO Paris porte justement les valeurs du sport et de l’olympisme dans les écoles françaises ?
Et surtout, pourquoi une telle critique à plus de cinq ans de l’échéance, alors que les grands chantiers en Seine-Saint-Denis (centre aquatique, village des athlètes et des médias…), présumés très porteurs en termes d’emplois et d’activité économique dans le département, n’ont pas encore débuté ? Vraiment curieux.