Le football aurait-il oublié le sens des mots démocratie, débat et compétition ? Ce jeudi 7 février, un seul candidat se présentera devant les électeurs, à Rome, à l’occasion du congrès de l’UEFA. Le Slovène Aleksander Ceferin en reprendra pour 4 ans à la tête de l’organisation européenne du football. La seule question est de savoir si son élection à la présidence aura des allures de plébiscite ou de consensus sans grande faveur.
Même tendance à l’échelon planétaire. La FIFA a sobrement annoncé via un court communiqué, mercredi 6 février, avoir reçu une seule candidature à la prochaine élection à la présidence. Gianni Infantino, le titulaire du poste, n’aura pas d’opposition, le 5 juin prochain à Paris, lors du 69ème congrès de l’institution internationale. A peine candidat, le voilà déjà annoncé gagnant.
A 48 ans, l’Italo-Suisse était arrivé sans vraiment se faire annoncer, en février 2016, pour s’installer avec des manières d’invité sur le fauteuil laissé vacant par Sepp Blatter. La suspension de Michel Platini lui avait ouvert un immense boulevard. Une aubaine pour cet ancien juriste, né dans le Valais, fils d’immigrés italien, connu pour maîtriser cinq langues, dont l’Arabe.
Mais au congrès extraordinaire de Zurich, en février 2016, il avait dû batailler ferme pour écarter la concurrence. Le scrutin avait opposé quatre candidats. Au 1er tour, Gianni Infantino avait devancé de seulement trois voix Sheik Salman bin Ibrahim al Khalifa (88 contre 85), le puissant dirigeant du Bahreïn, président de la confédération asiatique (AFC), membre de la famille royale.
Cette fois, le terrain est dégagé. Un seul nom avait été cité, au cours des dernières semaines, comme possible concurrent. Un Suisse, une nouvelle fois. Ramon Vega, ex joueur international, passé notamment par Tottenham en Premier League, aujourd’hui reconverti dans la finance, a tenté sa chance. En vain. Il n’a pas été capable de recueillir les cinq parrainages de fédérations nationales nécessaires pour briguer la présidence. La FIFA recense pourtant 211 pays membres. Preuve que le monde du football préfère quand les trains arrivent à l’heure, quitte à sombrer parfois dans l’ennui et la monotonie.
En seulement trois ans, Gianni Infantino a donc déblayé le terrain. Avant même de se savoir seul en piste, il avait acquis la certitude que le scrutin lui serait favorable. Sa décision de faire passer de 32 à 48 le nombre d’équipes qualifiées en phase finale du Mondial 2026 a beaucoup fait pour sa popularité. Le projet d’appliquer ce changement dès le Mondial 2022 au Qatar, toujours en discussion entre Zurich et Doha, a encore étendu la palette de ses soutiens. Son sens politique a fait le reste.
Au moins trois associations continentales, la CAF en Afrique, la CONCACAF en Amérique du Nord, et le CONMEBOL en Amérique du Sud, lui ont déjà apporté son soutien. A l’UEFA, Aleksander Ceferin se pose en opposant. Par conviction, visiblement. A moins que le Slovène prépare déjà une future campagne pour s’installer à terme sur le fauteuil de Gianni Infantino.
Présent à Rome, cette semaine, pour le Congrès de l’UEFA, le président de la FIFA a accueilli avec son éternel demi-sourire l’annonce de son sacre attendu. « C’est une bonne nouvelle », a-t-il suggéré aux journalistes, sans vraiment chercher à feindre la surprise. Puis il a insisté : « C’est une bonne nouvelle pour le football ».
Le même jour, Gianni Infantino a appris qu’il avait été choisi par Vladimir Poutine en personne pour être décoré de l’Ordre de l’Amitié. La nouvelle figure dans un décret, publié mercredi 6 février. La médaille récompense « sa grande contribution à la préparation et à l’organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2018″ en Russie. Elle est réservée à des personnalités culturelles ou des dignitaires étrangers.
Reste maintenant à Gianni Infantino à combler un vide, forcément très remarqué dans le mouvement sportif international. Tout président qu’il est de la plus puissante fédération au monde, il patiente toujours à la porte du CIO. Pour combien de temps ?