La campagne bat son plein pour la sélection des sports additionnels aux Jeux de Paris 2024. Le comité d’organisation doit rendre sa copie dans les prochaines semaines. Il est censé proposer une première liste, au mois de mars, à la commission exécutive du CIO.
Elle sera examinée, débattue, voire amendée. Mais la décision finale ne sera pas prise avant le deuxième semestre 2020, après les Jeux de Tokyo.
Recalé à plusieurs reprises dans ses tentatives d’intégrer le programme olympique, le squash est régulièrement cité parmi les postulants les plus solides. La discipline a retenu les leçons des échecs passés. Elle a su évoluer. Aujourd’hui, elle ne manque pas d’arguments. Jacques Fontaine, le président de la Fédération internationale de squash (World Squash), l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux : Le squash est entré très tôt en campagne pour être choisi comme sport additionnel aux Jeux de Paris 2024. A quelques semaines d’une première sélection par le COJO, où en êtes-vous aujourd’hui ?
Jacques Fontaine : Nous avons effectivement débuté très tôt notre campagne, dès l’année 2017, par un accord entre World Squash et l’Association des joueurs professionnels (PSA). Il avait pour objectif d’unifier la famille du squash autour de son ambition olympique. Et, par extension, de garantir la présence des meilleurs joueurs du monde aux Jeux, si nous avons la chance d’être choisis. Avec cet accord, nous avons été précurseurs. Il a été très bien perçu par le CIO et par le COJO. Puis nous avons été reçus, en janvier 2019, par l’équipe de Paris 2024 pour une présentation de notre candidature. Elle a été l’occasion de mettre en pratique cette unité de toutes les parties, puisque nous étions accompagnés, comme représentants de World Squash, par une délégation de la PSA. Deux joueurs français étaient également présents : Camille Serme, la n°1 française, et Victor Crouin, le champion d’Europe junior. Ils ont exprimé leurs ambitions de viser un podium aux Jeux de Paris 2024, voire la médaille d’or.
Le squash a fait ses grands débuts dans l’univers olympique comme de sport de démonstration aux Jeux de la Jeunesse de Buenos Aires en octobre 2018. Comment a-t-il perçu ?
Le succès du squash aux Jeux de la Jeunesse 2018 a dépassé nos attentes et nos espérances. Nous en avons nous-mêmes été surpris. Plus de 25.000 personnes sont venues sur le site de squash. Parmi eux, certains membres du CIO, très volontaires à l’idée de jouer sur le court vitré que nous avions installé, un modèle révolutionnaire puisque doté d’un mur interactif. Il permet tout à la fois de s’entraîner, pour les joueurs d’un certain niveau, et de découvrir la discipline, avec un esprit proche des jeux vidéo. Avec ce concept, nous avons répondu à l’une des attentes du CIO : proposer une animation, de la nouveauté, et attirer un public non averti.
Le squash n’en est pas à sa première campagne olympique. En quoi l’actuelle diffère-t-elle des précédentes ?
Nous avons appris des erreurs du passé et su écouter les remarques des uns et des autres. Cette campagne olympique est réellement nouvelle. Pour la première fois, toute la famille du squash est unie derrière l’ambition olympique. Par ailleurs, l’innovation apportée par le mur interactif lui donne une dimension plus moderne que jamais.
A quoi ressemblerait le tournoi de squash aux Jeux de Paris 2024 ?
Il rassemblerait 64 joueurs, soit 32 hommes et 32 femmes. Nous aurions besoin d’un seul court, vitré, utilisé pour l’échauffement et pour la compétition. Il rassemblerait les meilleurs joueurs du monde, dont probablement plusieurs espoirs français actuels, dans un environnement spectaculaire et dynamique.
Le COJO Paris 2024 insiste, depuis la phase candidature, sur sa volonté de proposer des Jeux durables, avec un coût maîtrisé et un fort impact sur la société. Le squash peut-il répondre à cette triple exigence ?
Certainement. Sur la question des coûts, les choses sont très claires : la compétition serait disputée sur un seul court vitré, d’une surface de 70 m2 au sol, qui peut être monté en 25 heures et démonté en 15 heures. La Fédération française de squash en possède plusieurs. Elle en mettrait un à la disposition des Jeux de Paris 2024. Avec une capacité de 5.000 spectateurs, le site de squash pourrait tenir tout entier sur un terrain de 5 à 6.000 m2. A Paris ou dans ses environs, les lieux iconiques ne manquent pas pour installer un tel site. Le Trocadéro, par exemple, ou le parvis de l’Hôtel de Ville. La liste est longue. Cela répond à l’exigence des coûts et de la durabilité. Quant à l’héritage, nous avons anticipé le sujet en multipliant déjà les contacts avec des villes et des territoires du Grand Paris, où la perspective des Jeux de Paris 2024 permettrait de développer la pratique. Il y aurait à coup sûr, pour un sport aussi urbain que le squash, un avant et un après Paris 2024.