La matinée s’annonçait pleine de surprises. Paris 2024 l’avait enveloppée d’un voile de mystère. Elle a pourtant collé, au moins en partie, au scénario attendu.
Tony Estanguet, le président du COJO, a dévoilé depuis l’Arena de Paris La Défense, jeudi 21 février, la liste des sports additionnels proposés au CIO. Ils sont quatre. Ils étaient déjà connus.
Le surf, le skateboard et l’escalade, présents dans la même catégorie des invités aux Jeux de Tokyo 2020, en reprennent pour un second tour. Le breakdance bouscule les prévisions et vient les rejoindre. Quatre sports, pas un de plus. Au total, 248 athlètes, avec un nombre égal de femmes et d’hommes. Bel exercice comptable.
Pourquoi eux ? Tony Estanguet s’en est expliqué. En usant jusqu’à la corde un même mot répété sur tous les tons : la jeunesse. Poussé par le CIO à agiter le chiffon à poussière, le COJO Paris 2024 veut parler aux jeunes. Leur vendre un événement, les Jeux olympiques, plus forcément en phase avec leurs goûts et leur mode de vie. Et, au-delà, les inciter à se mettre au sport en invitant dans le programme les disciplines les plus proches de leur univers. « Les sports les plus actifs sur les réseaux sociaux« , a suggéré le président du comité d’organisation.
La jeunesse, donc. Mais pas seulement. Deux autres critères ont été glissés dans la moulinette : la durabilité et la vision de Paris 2024. Pour le premier, il s’agissait de se limiter à moins de 5 sports, pour un nombre réduit d’athlètes, sans constructions nouvelles. Le second a tourné autour de la volonté du COJO de proposer des disciplines accessibles, capables de sortir du stade, en créant si possible une passerelle entre le sport et la culture.
A ce jeu, le surf, l’escalade, le skateboard et le breakdance ont devancé la concurrence. Le choix de Paris 2024 fait des déçus par poignées. En tête de liste, le squash, une nouvelle fois recalé malgré ses efforts pour répondre aux exigences et aux attentes du CIO.
Le surf. Jean-Philippe Gatien, le directeur des sports du COJO, l’a expliqué : il pèse aujourd’hui 35 millions de pratiquants dans le monde, dont 40% avouent moins de 24 ans. Il propose un mélange de sport, de musique et de lifestyle. A Paris 2024, la discipline choisie serait le shortboard, avec 24 surfeurs et 24 surfeuses.
Le skateboard. La carte jeunes, également. Même très jeune. Selon Aurélie Merle, la directrice associée des sports, 30 millions de personnes montent sur leur planche au moins une fois par semaine, dont la moitié n’a pas encore 17 ans. La communauté du skate serait « ultra connectée ». Un sport urbain, praticable à peu près partout, lui aussi très lifestyle. Deux disciplines sont proposées au CIO : le street et le park. Au total, 96 athlètes.
L’escalade. 24 millions de pratiquants dans 150 pays. Un sport en pleine croissance. Tendance jeune, lui aussi, avec 40% d’adeptes de moins de 18 ans, mais également très féminin (40% des licenciés français sont des femmes). Paris 2024 propose une formule différente des Jeux de Tokyo 2020, avec deux disciplines : la vitesse et un combiné bloc/difficulté. Total : 72 athlètes.
Le breakdance. La surprise du chef. Mais « un choix logique », précise Aurélie Merle. Le breakdance parle à la jeunesse du monde entier. Ils seraient 30 millions à s’y adonner aujourd’hui, dont 1 million en France, deuxième nation au monde pour la pratique derrière les Etats-Unis. Encore une fois, la discipline colle aux critères, notamment pour sa dimension urbaine, à cheval entre le sport et la culture. Une seule discipline serait présente aux Jeux, pour un effectif limité à 32 athlètes.
Bilan : trois « reprises » des Jeux de Tokyo 2020, plus une nouveauté. Paris 2024 ne révolutionne rien. Au moins dans ce dossier.
Ailleurs, le COJO roule des mécaniques. A l’Arena Paris La Défense, jeudi 21 février, Tony Estanguet n’a pas hésité à annoncer la révolution olympique. L’expression est un peu forte, mais il faut reconnaître au COJO le mérite d’avoir pioché dans l’inédit.
Première nouveauté : Paris 2024 permettra au grand public de participer aux Jeux, de façon virtuelle, en se confrontant aux « vrais » concurrents par la magie des nouvelles technologies. L’expérience se fera en voile, avec la course au large. Rien de très nouveau dans ce domaine, le jeu Virtual Sailing le proposant depuis longtemps sur les principales épreuves mondiales. Mais le concept n’a jamais été testé aux Jeux olympiques. Il pourrait être étendu à la course sur route en cyclisme, le COJO étant actuellement en discussion avec l’UCI pour concrétiser le projet.
Deuxième innovation : Paris 2024 invitera les spectateurs sur le terrain. En short, de préférence. Un marathon ouvert au grand public sera organisé le même jour que l’épreuve olympique, sur un parcours identique, mais à un horaire différent. L’idée a déjà été validée par le CIO. Elle pourrait être étendue à d’autres épreuves. « Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, les spectateurs deviendront acteurs », promet Tony Estanguet. Révolutionnaire ? Disons plutôt inédit.