Quel contraste. Aux Jeux de Rio 2016, le golf a retrouvé l’ambiance olympique, après 112 d’absence, dans un décor sans charme et une suspecte indifférence. Un retour manqué. A Tokyo, dans moins de 500 jours, le tournoi s’annonce comme un grand moment des Jeux de 2020. Un événement.
A Rio de Janeiro, la construction du parcours olympique a créé une première polémique. Les associations de protection de l’environnement ont crié la scandale. Puis l’absence des meilleurs joueurs du monde, dont Rory McIlroy, Jason Day et Jordan Spieth, a encore forcé le trait. Au point de laisser penser que le golf n’avait peut-être pas sa place aux Jeux olympiques.
A Tokyo, les choses s’annoncent très différentes. Le golf n’est pas seulement l’une des activités les plus pratiquées au Japon. Le pays recense plus de 10 millions de joueurs et 2500 parcours. A la différence du Brésil, il est surtout une affaire de tradition. L’endroit idéal, donc, pour effacer la mauvaise impression laissée par les Jeux de Rio 2016.
Certes, le choix du site de compétition n’a pas été sans histoires. Au Japon, le Kasumigaseki Country Club passe pour le plus fermé et élitiste de l’archipel. Il existe depuis 90 ans. Jusqu’à l’an passé, l’accès aux femmes était limité. Faute de pouvoir bénéficier d’un abonnement de plein droit, elles se voyaient interdire le parcours le dimanche et certains jours fériés.
Les médias japonais l’ont relevé. Le CIO a toussé, puis menacé de rayer le site de la carte des Jeux si le conseil d’administration du club ne modifiait pas ses règlements pour en raboter les paragraphes sexistes. Le Kasumigaseki Country Club s’est exécuté. Désormais, les femmes peuvent taper la balle sans la moindre restriction.
Niché à plus de 60 kilomètres de Tokyo, le club cultive depuis toujours le goût du secret. Obtenir une carte de membre tient de l’exploit. En plus de la cotisation, relativement abordable, il faut « rendre quelques services », explique l’un de ses dirigeants. Lesquels ? Mystère.
Lundi 25 février, le légendaire club japonais a ouvert ses portes à quelques journalistes. Il en avait fait de même en décembre dernier, à l’occasion du World Press Briefing organisé par Tokyo 2020. Une façon de souligner l’importance du futur tournoi olympique, pour les Japonais mais aussi pour l’avenir de la discipline aux Jeux.
Sorti de terre en 1929, le Kasumigaseki Country Club est passé brièvement sous pavillon américain, après la Seconde Guerre mondiale, avant de retrouver ses couleurs d’origine. Il a accueilli la Coupe Canada en 1957, une compétition qui allait prendre le nom de Coupe du Monde une décennie plus tard. Le parcours a reçu l’Open du Japon a plusieurs reprises. En 2017, Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, a partagé quelques trous avec Donald Trump.
L’an prochain, la compétition olympique se déroulera sur le parcours est, allongé pour l’occasion à 7.466 yards, dont un redoutable 5ème trou de 640 yards. Une partie du parcours ouest sera utilisée pour l’entraînement des joueurs.
Présent lundi 25 février, le joueur japonais Tsuneyuki Nakajima a expliqué aux médias que le véritable retour du golf aux Jeux se ferait l’an prochain à Tokyo. « Aux Jeux de Rio, la compétition a été un peu tiède, a-t-il suggéré. Il faudra attendre les Jeux de Tokyo 2020 pour juger la véritable présence du golf dans l’univers olympique. »
Au Brésil, les meilleurs avaient snobé le tournoi. Au Japon, ils semblent déterminés à jouer le jeu à fond. Le récent exemple de Rory Sabbatini en est la preuve. Originaire d’Afrique du Sud, ce quadragénaire vainqueur de 6 tournois du PGA Tour a décidé, le mois dernier, de changer de nationalité. Il est devenu citoyen slovaque, la nationalité de son épouse.
La raison ? Les chances de Rory Sabbatini de participer aux Jeux de Tokyo 2020 sous les couleurs sud-africaines restent minces, voire inexistantes. Avec la Slovaquie, sa place est quasi assurée. La magie des Jeux.