Candidatures

En Suède, le CIO voyage mais ne s’en plaint pas

— Publié le 15 mars 2019

Les temps changent. Hier encore, les membres de la commission d’évaluation du CIO visitaient les villes candidates aux Jeux avec un œil sur le chrono, un autre sur la route. Ils aimaient mesurer le temps de trajet d’un site olympique à l’autre avec des manières de géomètre. Puis, leurs calculs terminés, ils distribuaient dans leur rapport les bons ou les mauvais points.

A l’évidence, l’habitude est passée de mode. La délégation d’une quinzaine de membres du CIO et d’experts de la commission d’évaluation du CIO pour les Jeux d’hiver 2026 a posé ses malles en Suède depuis le début de la semaine. Elle évalue le projet proposé par Stockholm/Are, dernier dossier en lice avec celui de Milan/Cortina d’Ampezzo.

Elle voyage. En avion, le deuxième jour, pour rallier Stockholm depuis sa première étape à Are, où se dérouleraient les compétitions de ski alpin. En bus, ensuite, pour un aller-retour prolongé à Falun, la station choisie pour accueillir les épreuves de ski nordique. Une heure de vol et 90 minutes de transfert dans un cas. Trois heures de route dans l’autre.

En d’autres temps, les envoyés de Lausanne auraient toussé. Ils auraient pointé le manque de compacité du projet suédois. Mais l’heure n’est plus, pour le CIO, à chercher des poux dans la tête des équipes de candidature. Elles sont devenues trop rares pour se risquer à décourager les postulants.

A chacune des étapes de leur visite d’évaluation, les membres de la commission d’évaluation sont questionnés par les médias présents sur leur impression du dispositif. Avec un sujet récurent : les transports. A chaque fois, Octavian Morariu, le président de la commission, et Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, présentent un même visage satisfait.

Jeudi 14 mars, à Falun, Christophe Dubi a résumé à sa façon, pleine de diplomatie, la tendance du moment. Il a expliqué que le dossier suédois prévoyait quatre villages des athlètes. Un éclatement du dispositif qui assurerait à tous les compétiteurs des temps de transports limités pour se rendre sur les sites.

« A Are comme à Stockholm et à Falun, les athlètes seront logés tout proche des sites, a-t-il expliqué, cité par Gamesbid. C’est le plus important, n’est-ce pas ? A Sotchi, les Russes avaient construit trois villages. Personne ne s’en est plain, surtout pas les athlètes. Tous les autres, les médias et le CIO, nous devrons en effet voyager. »

Même son de cloche chez le Roumain Octavian Morariu, choisi par Thomas Bach pour présider la commission d’évaluation malgré son passé de dirigeant du rugby. « Il est très important pour le CIO de privilégier l’adaptation aux villes candidates, a-t-il reconnu jeudi 14 mars à Falun. Nous respectons la voie choisie par la Suède avec ces différents clusters. » Au diable le sacro-saint principe de la compacité. Avec l’Agenda 2020, puis la Nouvelle norme, le CIO n’impose plus ses conditions. Il se plie docilement aux choix des (rares) villes candidates.

Souplesse et tolérance également sur la question des garanties financières. A ce jour, Suédois et Italiens n’ont toujours pas été en mesure de rendre au CIO une copie signée des autorités politiques. Les deux équipes de candidature ont manqué la date-limite du 11 janvier imposée initialement dans le processus de sélection. Elles pourraient bien louper également la prochaine, fixée au 12 avril.

Eliminatoire ? Même pas. Interrogé jeudi 14 mars à Falun, Christophe Dubi a tapé en touche. « Dans le passé, nous parfois travaillé avec des offres jusqu’à la toute dernière minute, car il fallait les soumettre à nos juristes, les modifier, pour les finaliser tout près de la date-limite pour la présentation aux membres du CIO », a-t-il expliqué, suggérant que la situation actuelle des Suédois et des Italiens étaient finalement assez « normale ».

La commission d’évaluation du CIO poursuit sa visite ce vendredi 15 mars à Stockholm, par une journée dédiée à la présentation et l’étude du dossier de candidature. Elle quittera la Suède samedi, après une conférence de presse finale en fin de matinée.