L’avenir des Jeux de la Francophonie s’annonce incertain. Après le retrait du Nouveau-Brunswick, l’édition 2021 de l’événement sportif et culturel n’a pas enregistré la moindre nouvelle candidature. Le processus de sélection a été rouvert.
Un collectif d’anciens athlètes et de dirigeants français se mobilise pour tenter de sauver l’événement. A l’avant-veille de la Journée internationale de la Francophonie, mercredi 20 mars, ses membres ont co-signé une tribune pour exprimer leur refus de le voir disparaître. FrancsJeux la publie dans son intégralité.
« Partout dans le monde, le sport occupe une place prépondérante dans la vie des peuples. Il réconcilie les hommes et véhicule des valeurs essentielles de loyauté, de respect et de bien vivre ensemble qu’il nous appartient de transmettre pour former les citoyens du sport de demain.
Dans notre espace francophone, riche de 80 États et de plus de 220 millions de locuteurs, avec notre langue française en partage, ces valeurs prennent une dimension particulière : le sentiment d’une communion plus étroite, d’une énergie décuplée et d’une volonté plus marquée d’ouverture aux autres grâce à la force de cette langue qui nous unit et nous aide à affronter les défis du monde.
C’est dans cet esprit qu’ont été créés les Jeux de la Francophonie en 1989. L’objectif était ambitieux : réunir près de 3000 jeunes talents sportifs et culturels francophones pour un moment unique d’échanges et de partage. Pour beaucoup d’entre nous, ce rendez-vous a été une formidable aventure dont nous nous souvenons encore aujourd’hui avec émotion. Nous y avons gagné nos premières médailles internationales, nous y avons découvert une belle et grande famille, riche de sa diversité culturelle et de sa langue commune.
Mais aujourd’hui, nous sommes inquiets pour leur avenir. Il y a quelques semaines, le Nouveau Brunswick a renoncé à être le pays organisateur de la VIIIème édition des Jeux de la Francophonie, et à ce stade, aucune nouvelle candidature n’a été enregistrée pour les Jeux de 2021.
Certes, tel qu’il existe, l’événement a atteint ses limites. Au fil des éditions, il a perdu de son influence, de son dynamisme et de sa modernité : un cahier des charges trop contraignant, des États qui peinent à s’engager, de nouveaux partenariats et modes de financements à trouver, des fédérations qui ne font plus de l’événement une priorité ; autant de raisons qui nous poussent à solliciter une profonde réforme des Jeux. Aujourd’hui, il est urgent d’en repenser collectivement le modèle. Pour rebâtir des Jeux modernes et responsables, une nouvelle vision est désormais nécessaire !
Nous refusons la disparition du plus grand rendez-vous culturel et sportif de la Francophonie. Nous voulons que des Jeux continuent de promouvoir les jeunes talents pour faire rêver et gagner la jeunesse francophone !
Parce qu’au-delà des Jeux de la Francophonie, c’est aussi et avant tout la place de la langue française dans le sport dont il est question. Trois grands rendez-vous nous attendent : les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, ceux de Pékin en 2022 et enfin ceux de Paris en 2024. Nous avons une mission essentielle à accomplir pour redonner à la langue française une place prépondérante et durable. C’est ensemble que nous y parviendrons !
Le 20 mars célèbre la Journée internationale de la Francophonie. Nous en appelons à la mobilisation de tous les acteurs du sport francophone ! Car il est urgent d’agir !
Redonnons au sport francophone la place qui lui revient ! Faisons rayonner notre langue au travers du sport, cette langue dans laquelle nous nous comprenons si bien, cette langue qui nous façonne et nous éclaire sur une certaine vision du monde.
Elus, représentants des organisations sportives et culturelles internationales, des comités olympiques, des médias, de la jeunesse francophone, mais aussi du monde économique, partageons nos idées et travaillons tous ensemble pour construire le sport francophone de demain. En français, s’il vous plaît ! »
Par Alain Bertholom, président de la Fédération française de lutte ; Richard Dacoury, ex-international de basket ; Stéphane Diagana, athlète ; Boris Diaw, basketteur ; David Douillet, judoka ; Jean Galfione, athlète et marin ; André Giraud, président de la Fédération française d’athlétisme ; Christophe Guénot, lutteur ; Sylvie Le Maux, athlète ; Christian Palierne, président de la Fédération française de tennis de table ; Laurent Petrynka, président de la Fédération internationale du sport scolaire ; Jean-Luc Rougé, président de la Fédération française de judo ; Jean-Pierre Siutat, président de la Fédération française de basket.