Tous les chiffres le suggèrent : 2019 pourrait bien être l’année du football féminin. A moins de trois mois de la Coupe du Monde en France (7 juin au 7 juillet), les indicateurs s’accordent à révéler un phénomène inédit et planétaire.
Dimanche 17 mars, la rencontre du championnat d’Espagne entre l’Atlético Madrid et le FC Barcelone, disputée au stade Metropolitano, a établi un nouveau record mondial d’affluence pour un match féminin. Selon le club madrilène, elle a rassemblé 60.739 spectateurs.
Mardi 19 mars, un communiqué de la FIFA a levé le voile sur les pays intéressés par l’organisation du Mondial féminin en 2023. La liste en dit long sur l’intérêt suscité par le tournoi planétaire. Elle compte neuf noms, pas un de moins. Un record pour une compétition dont la première édition, organisée en Chine, remonte à 1991.
Pour rappel, la France a obtenu en mars 2015 le droit d’accueillir le Mondial féminin 2019. Elle était en concurrence avec un seul autre pays, la Corée du Sud. L’Angleterre, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud ont renoncé à aller au bout du processus de sélection. Le Japon et la Suède, un moment intéressés, n’ont pas déposé de dossier de candidature.
Cette fois, la course affiche complet. Sur la ligne de départ, neuf pays : Afrique du Sud, Argentine, Australie, Bolivie, Brésil, Colombie, Corée du Sud et du Nord, Japon, Nouvelle-Zélande. Quatre continents sur cinq. Bluffant.
Selon la procédure établie par la FIFA, les neuf candidatures ont déjà reçu le formulaire et les documents nécessaires à poursuivre le parcours. Elles devront les renvoyer au plus tard le 16 avril 2019.
Les dossiers de candidature sont attendus au siège de la FIFA, à Zurich, le 4 octobre 2019. Le processus de sélection se voulant désormais empreint de la plus grande transparence, l’organisation internationale du football les rendra accessibles en octobre prochain sur son site Internet officiel.
Autre nouveauté, motivée par le même souci de transparence : le vote du Conseil de la FIFA pour l’attribution du Mondial féminin 2023 ne sera pas secret, comme lors des éditions passées. Ses résultats seront rendus publics.
Parmi les neuf candidatures, le dossier présenté par les deux Corée sort déjà du lot. A ce stade, il est prématuré de le désigner favori. Mais il marque une nouvelle avancée dans le processus de rapprochement des deux voisins de la péninsule. Surtout, il confirme leur volonté d’utiliser à fond la diplomatie sportive pour avancer sur la voie de la réconciliation.
La FIFA saisira-t-elle l’opportunité pour prendre le CIO de vitesse ? Possible.
Sur le papier, le CIO semble mener le train. Les deux Corée ont déjà avancé leurs pions dans la course aux Jeux d’été en 2032, en présentant très officiellement le mois dernier à Thomas Bach leur projet olympique, à l’occasion d’une réunion à Lausanne. Leur candidature commune s’inscrit dans le prolongement des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018, où les deux pays avaient défilé ensemble à la cérémonie d’ouverture. Ils avaient également présenté une seule équipe dans le tournoi féminin de hockey-sur-glace.
La FIFA a observé le phénomène dans le rang des spectateurs. Avec le Mondial féminin 2023, elle se voit offrir l’occasion de marquer l’histoire en accordant, la première, un événement majeur du calendrier international aux deux Corée. Aura-t-elle l’audace d’aller jusqu’au bout ? A Gianni Infantino de répondre.