Son nom de code ne fait pas dans la nuance. L’opération « Aderlass », littéralement « la saignée » en allemand, démarrée en janvier dernier en Allemagne, livre peu à peu ses secrets. Ils laissent pantois.
Le parquet de Munich en a dévoilé quelques faits et chiffres, mercredi 20 mars, à l’occasion d’une conférence de presse. Ils élargissent nettement le spectre de l’enquête. Selon le procureur en charge du dossier, Kai Gräber, cette affaire de dopage à grande échelle ne concerne pas seulement le cyclisme et le ski nordique, mais « cinq sports, dont trois d’hiver. »
Toujours selon la justice bavaroise, au moins 21 athlètes originaires de huit pays différents sont impliqués. « Un petit pourcentage des 21 suspects sont des femmes », a précisé le procureur du parquet de Munich.
La semaine suivante, trois nouveaux noms viennent les rejoindre : un deuxième fondeur estonien et deux cyclistes autrichiens, Stefan Denifl et Georh Preidler. A ce stade de l’histoire, l’opération Aderlass se résume à huit tricheurs, deux sports et trois pays. Pas mal, certes, mais sans être exceptionnel.
Depuis, la donne a changé. Un nom est revenu à plusieurs reprises pendant l’enquête : Mark Schmidt. Un médecin allemand, employé pendant un temps par l’équipe cycliste Gerolsteiner, envoyée dans les oubliettes de l’histoire à la fin de l’année 2008 après une sombre succession de cas de dopage.
Mark Schmidt a été interpellé le mois dernier. Dans son cabinet d’Erfurt, les enquêteurs ont mis la main sur « 40 à 50 poches de 500 ml de sang ».
Commentaire du parquet de Munich : « C’est un nombre à trois chiffres de transfusions sanguines à des fins de dopage ». Le procureur a précisé que chacun des 21 athlètes impliqués aurait pratiqué entre 15 et 20 transfusions. Il leur en coûtait entre 4.000 et 12.000 euros par saison, payés au docteur Schmidt.
Pour les enquêteurs, il ne fait plus aucun doute désormais que l’investigation en cours fera tomber des têtes encore insoupçonnées. Ils ont découvert que les transfusions avaient eu lieu en Allemagne, Autriche, Suisse, mais aussi en Corée du Sud et à Hawaï. Kai Grâber a expliqué mercredi que « deux personnes du réseau d’Erfurt se sont rendues en février 2018 aux Jeux olympiques de PyeongChang ». Elles avaient pour mission de transporter des poches de leur propre sang à des athlètes en compétition.
L’opération « la saignée » porte bien son nom. A tous les sens du terme. Le procureur allemand l’annonce : le cercle des suspects va continuer à s’élargir.