Le CIO est à Paris. En petit comité, avec discrétion. Mais il est présent. Une délégation de l’organisation olympique a posé ses mallettes à l’INSEP, dans le bois de Vincennes, lundi 8 avril. Elle doit rester deux jours.
En tête de cortège, Pierre-Olivier Beckers, le président de la commission de coordination des Jeux de 2024, Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques, Kit McConnell, le directeur des sports. Raison de la visite : une nouvelle « revue de projet » de la préparation des Jeux de Paris 2024. La troisième de la série. La précédente s’était tenue en décembre dernier. La prochaine est annoncée pour le mois de juin. Une réunion de travail, sans flonflon ni paillettes. Du sérieux.
A l’ordre du jour, un lot fourni de sujets. Citons, en vrac, les sports additionnels choisis le mois dernier par le comité d’organisation (escalade, surf, skateboard et breakdance), le plan marketing, le lancement des grands chantiers de construction, l’héritage…
Attentif au timing, le COJO a préparé le terrain en présentant, jeudi dernier, une étude estimant à 150.000 le nombre d’emplois « mobilisés » (et non pas créés) par les Jeux de Paris 2024 dans les secteurs de l’événementiel, de la construction et du tourisme. Le CIO a apprécié.
Tony Estanguet et son équipe ont également soigné le travail en révélant lundi, au premier jour de cette revue de projet, les résultat de la deuxième édition de la Semaine olympique et paralympique à l’école. L’opération nationale, organisée du 4 au 9 février 2019, affiche un bilan chiffré d’élève irréprochable. Au total, 1.300 projets (500 en 2018), 180.000 jeunes sensibilisés (80.000 l’an passé), 1.500 écoles mobilisées dans 475 villes sur l’ensemble du territoire. Le CIO a apprécié.
Rien de très spectaculaire n’est à attendre sur le dossier des sports additionnels. Le COJO Paris 2024 a présenté son choix le mois dernier à la commission exécutive du CIO. Il a été validé sans en changer une virgule. Thomas Bach, notamment, a salué en connaisseur l’arrivée du breakdance. La revue de projet suivra la même direction.
Les déçus peuvent se résigner. Le karaté, surtout. Son dirigeant le plus vindicatif, l’Espagnol Antonio Espinos, président des Fédérations internationale et européenne de la discipline, sera reçu en entretien privé mercredi 10 avril par Roxana Maracineanu, la ministre des Sports. Une nouvelle démarche vouée à l’échec.
Sur la question du marketing, le COJO peut enfin présenter à la délégation du CIO sa nouvelle recrue. Marlène Masure, ex EA Sport, Pepsico et Disney, a été recrutée à la fin du mois de mars comme directrice du développement commercial et du marketing. Elle remplace Frédéric Longuépée, le premier choix du COJO, très vite parti aux Girondins de Bordeaux.
Le vide est comblé. Il était temps. Mais le dossier marketing s’annonce délicat. La semaine passée, Le Parisien a révélé un courrier envoyé à Tony Estanguet par Anne Hidalgo. La maire de Paris y rappelle les engagements pris pendant la phase de candidature, notamment sur le plan environnemental. « Nous avons ainsi imaginé et porté ensemble le projet de Jeux neutres en carbone », écrit-elle. Surtout, Anne Hidalgo en profite pour sensibiliser le patron des Jeux « sur la nécessité d’appliquer nos ambitions communes à la sélection en cours par le COJO des sponsors privés. »
La maire de Paris ne le mentionne pas dans son courrier, mais sa lettre vise l’entreprise Total. Après le groupe bancaire BPCE, premier partenaire privé des Jeux de Paris 2024, engagé depuis l’an passé dans l’aventure, Total est régulièrement cité avec la FDJ comme l’un des deux prochains sponsors des Jeux de Paris 2024.
A l’évidence, Anne Hidalgo n’en veut pas. Dans la perspective des municipales de 2020, la maire de Paris veut soigner son image de militante de l’écologie. « Il serait très difficilement compréhensible pour nos concitoyens que soient retenues des entreprises dont l’activité aurait un lourd impact sur l’environnement en se fondant notamment sur le recours massif à des énergies carbonées », a-t-elle écrit à Tony Estanguet.
Le choix des partenaires privés des Jeux de Paris 2024 n’est pas soumis à l’approbation du conseil d’administration du COJO. Tony Estanguet et son équipe ont donc les coudées franches. On les imagine mal renoncer à un contrat avec l’un des fleurons de l’industrie française. Il semble tout aussi improbable que le CIO leur conseille de tourner le dos au groupe Total. Il n’empêche, un conflit ouvert avec la maire de Paris aurait un effet désastreux.