Caster Semenya n’a jamais été seule dans son combat face à l’IAAF. Mais la décision récente du Tribunal arbitral du sport (TAS) renforce chaque jour un peu plus le camp de ses soutiens.
Le dernier en date à se ranger à ses côtés possède tous les attributs pour se faire entendre, au-delà même du monde de l’athlétisme. Allyson Felix, 33 ans, l’athlète féminine la plus titrée de l’histoire dans les deux compétitions majeures, championnats du Monde (11 titres) et Jeux olympiques (6 médailles d’or), a exprimé publiquement son sentiment dans l’actuelle controverse sur les athlètes hyperandrogènes. Elle l’a fait sans nuance.
« J’ai été déçue dès le début de l’affaire par la façon dont elle a été gérée, a expliqué la Californienne à l’occasion d’une conversation, pour un podcast, avec l’ancienne joueuse de football Julie Foudy. Pour moi, tout cela n’est pas juste. Je suis du côté de Caster. Elle est mon amie. Je pense que personne ne devrait avoir à vivre ce qu’elle a vécu. Et pas seulement en ce moment, avec l’affaire en cours. Cela remonte à ses débuts en compétition. La question est très, très complexe… Mais, de mon point de vue, elle a été mal gérée depuis le commencement. »
Allyson Felix ne critique pas ouvertement l’IAAF. Mais l’Américaine, en course pour ses cinquièmes Jeux olympiques l’an prochain à Tokyo, en veut à l’organisation internationale pour son attitude à l’égard de Caster Semenya. « Il devrait déjà y avoir quelque chose mise en place dans le cas d’athlètes ayant des différences ou d’athlètes intersexués, a-t-elle suggéré mercredi 8 mai. Je ne sais pas quoi, il s’agit vraiment d’un défi. Mais nous parlons d’êtres humains. Je n’en reviens pas que Caster ait dû faire face à tout cela. Cela dure maintenant depuis 10 ans. Il doit y avoir une meilleure solution. »
L’IAAF, de son côté, n’en finit pas de se défendre. L’organisation basée à Monaco a publié mardi 7 mai, sur son site Internet officiel, une série de 12 questions et réponses sur son nouveau règlement relatif aux différences du développement sexuel (DSD).
L’une d’elles, la plus remarquée, précise sans la nommer que son nouveau règlement n’est en aucun cas dirigé exclusivement sur le cas de Caster Semenya. « Certains commentateurs ont laissé entendre que les règlements s’adressaient à un athlète en particulier. Ce n’est pas exact. Mais l’IAAF est tenue à une stricte confidentialité et ne peut donc tout simplement pas – et ne veut pas – divulguer le nombre d’autres athlètes concernées, ni l’identité de ces athlètes. »
Ironie de l’histoire : les athlètes en question décident les unes après les autres de briser la loi du silence. La Kényane Maximila Imali, 23 ans, une spécialiste du 400 m (51 sec 18 en 2017), est la dernière en date à se déclarer publiquement hyperandrogène.
« Où est l’équité dans tout cela, alors que d’autres disciplines sportives admettent des athlètes hyperandrogènes comme nous », a-t-elle confié au Daily Nation.
Selon le quotidien de Nairobi, citant Athletics Kenya, une série de tests médicaux aurait révélé que deux autres athlètes kényanes seraient également concernées par le nouveau règlement de l’IAAF : Margaret Nyairera Wambui, la médaillée de bronze sur 800 m aux Jeux de Rio 2016, et Evangeline Makena, une spécialiste du 400 m.