L’étau se resserre autour de Lamine Diack. L’ancien président de l’IAAF, assigné à résidence en France depuis près de 4 ans, pourrait bien être renvoyé au tribunal. Il pourrait même devoir partager le box des accusés avec l’un de ses fils, Papa Massata Diack.
L’AFP révèle que le parquet national financier (PNF) français réclame que le dirigeant sénégalais et son rejeton, réfugié au Sénégal depuis le début de l’affaire, soient jugés à Paris. Aujourd’hui âgé de 85 ans, Lamine Diack est accusé de « corruption active et passive » et « blanchiment en bande organisée ».
La balle est maintenant dans le camp du juge d’instruction Renaud van Ruymbeke, en charge du dossier. S’il suivait ces réquisitions, dont l’AFP a eu connaissance, le magistrat français renverrait l’ex président de l’IAAF et cinq autres protagonistes sur le banc des prévenus.
En tête de liste, Papa Massata Diack. Longtemps présenté comme l’un des conseillers de son illustre père à l’IAAF, notamment sur le marketing, le Sénégalais est soupçonné de « s’être rapproché des autorités sportives russes pour négocier contre paiement la protection » d’athlètes ciblés pour dopage. En clair, les deux membres du clan Diack, le père et le fils, auraient monnayé auprès des Russes leur silence dans plusieurs cas de dopage.
Papa Massata Diack n’a jamais pu être entendu par la justice française. Un mandat d’arrêt a pourtant été délivré contre lui. En vain. Thomas Bach, le président du CIO, aurait fait pression sur les autorités politiques sénégalaises pour qu’elles collaborent avec la justice française sur le dossier. En vain.
Papa Massata Diack est toujours réfugié au Sénégal. En toute tranquillité. Le PNF demande qu’il soit jugé pour « blanchiment en bande organisée », « corruption active » et « complicité de corruption passive ». Pas moins. Le nom du Sénégalais a récemment été cité dans une autre affaire de corruption, relative à l’attribution à Tokyo des Jeux d’été en 2020. Elle a coûté au Japonais Tsunekazu Takeda sa place au CIO.
Dans son réquisitoire de 48 pages, le parquet suggère que « sous la direction de son président et forte de plusieurs années de malversations, l’IAAF a réussi à concilier corruption et encouragement du dopage. »
Parmi les nombreux dérapages relevés par l’enquête de la justice française, le cas de la marathonienne Lilya Shobukhova en dit long. Selon un rapport de l’IAAF, l’athlète russe utilisait massivement de l’EPO. En échange du silence de l’organisation internationale sur son cas, elle avait accepté de payer 450.000 euros. Pour rien. Finalement suspendue en 2014, elle avait demandé à être remboursée. La somme de 300.000 euros lui a été rendue, sous la forme d’un virement émis par la société Black Tidings, domiciliée à Singapour et liée à Papa Massata Diack.
Parmi les autres noms cités dans le réquisitoire du PNF, un conseiller de Lamine Diack, Habib Cissé, et l’ancien directeur du département médical de l’IAAF, Gabriel Dollé. Ils sont tous les deux accusés de « corruption passive. »
Les deux derniers visés sont citoyens russes : Valentin Balakhnichev, ancien président de la Fédération russe d’athlétisme, aujourd’hui banni à vie de l’IAAF, et Alexeï Melnikov, ex-entraîneur en chef du demi-fond en Russie. Ils sont sous le coup de mandats d’arrêt, le premier pour corruption passive et active, et blanchiment aggravé, le second pour corruption passive.
A ce stade de l’enquête, un procès semble inéluctable. Lamine Diack ne pourra pas s’y soustraire. Dans le cas de son fils, rien n’est moins sûr.