Personne ne s’en plaindra. Lundi 24 juin 2019, la session du CIO réunie à Lausanne pour désigner la ville-hôte des Jeux d’hiver 2026 procédera à un vote, un vrai, où le nom du vainqueur ne sera pas connu d’avance.
Les 90 membres de l’institution olympique devront choisir entre Milan/Cortina d’Ampezzo et Stockholm/Are. Vraiment choisir. Tout se jouera en un tour. Mais il s’annonce le plus serré depuis des lustres.
Vendredi 24 mai, à un mois pile de la décision, le CIO a publié le rapport complet de la commission d’évaluation, présidée par le Roumain Octavian Morariu. Un document de 144 pages, établi à partir des deux dossiers de candidature, déposés en janvier dernier, et des visites en Suède puis en Italie, effectuées en mars et en avril 2019.
Sans grande surprise, le rapport se garde bien de dégager un favori. Il se refuse à établir un classement. Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, l’a résumé à l’occasion d’une conférence de presse téléphonique organisée après la publication du document : « Notre mission est de mettre en évidence les opportunités et les défis, je pense que nous l’avons fait. »
Inutile, donc, de chercher à lire entre les lignes. Pourtant, les différences existent. Sur la question du soutien populaire, les Italiens ont fait le trou. Le projet de Milan/Cortina bénéficie d’un taux de soutien de 83% parmi la population italienne. En face, la candidature de Stockholm/Are dépasse mollement la barre des 50%, avec seulement 55% d’opinion favorable. L’écart est important, mais il ne s’annonce pas décisif.
Sur la question des sites et de leur financement, les deux dossiers se tiennent dans un mouchoir. Côté suédois, le rapport pointe du doigt le manque de garanties financières formelles pour le village des athlètes de Stockholm, l’anneau de patinage de vitesse et un stade de ski de fond. Les terrains appartiennent aux autorités de la capitale. Ils n’ont pas encore été officiellement cédés à la candidature.
Mais Richard Brisius, le directeur général de Stockholm/Are 2026, l’a expliqué quelques heures après la publication du rapport de la commission d’évaluation : « Nous avons la lettre d’intention la plus ferme que vous puissiez écrire, même si nous n’avons pas encore le terrain. » Selon le dirigeant suédois, les garanties seront apportées « un peu plus tard cette année. »
Précision : en cas de victoire suédoise le 24 juin à Lausanne, le contrat de ville-hôte ne sera pas signé par la ville de Stockholm, mais par celle d’Are. La capitale suédoise se contentera de louer les terrains au comité d’organisation. En d’autres temps, le CIO aurait toussé. Cette fois, pourtant, il a mis en avant sa nouvelle stratégie à l’égard des candidatures, tournée vers toujours plus de souplesse.
Côté italien, le rapport souligne que le dossier porté par Milan et Cortina d’Ampezzo coche toutes les cases pour organiser des Jeux remarquables. Mais il craint que la rénovation de la piste de luge, bobsleigh et skeleton de Cortina, utilisée pour les Jeux d’hiver en 1956, peine à s’intégrer dans un plan d’héritage durable. Même réserve concernant l’aménagement d’un anneau de patinage de vitesse en extérieur.
La commission d’évaluation a également relevé les temps de transport parfois élevés dans le dispositif italien, notamment pour se rendre aux cérémonies d’ouverture et de clôture, prévues respectivement à Milan et à Vérone.
Octavian Morariu, le président de la commission d’évaluation, le reconnaît : « Nous sommes conscients qu’il restera beaucoup de travail à accomplir une fois que l’un des deux dossiers aura été choisi. » Une remarque valable pour les Italiens comme pour les Suédois.
Dans les deux camps, la publication du rapport du CIO a été salué par des mines réjouies et des paroles de vainqueur. Giovanni Malago, le président du comité olympique italien, a confié : « Nous étions confiants avant, nous le sommes encore plus aujourd’hui. » Richard Brisius a rappelé, de son côté, que les Suédois « vivaient et respiraient pour les sports d’hiver, ils font partie de notre ADN. »
A un mois du vote, le rapport de la commission d’évaluation l’a confirmé : la course est loin d’être terminée. Tout se jouera dans les derniers jours, voire les dernières heures. Le rapport publié en fin de semaine passée ne sera pas décisif. Il ne l’est jamais. Il le sera encore moins avec deux candidatures aussi proches, non seulement sur le plan géographique, mais aussi dans leur vision des Jeux.
Il se raconte dans l’environnement olympique que la candidature suédoise bénéficierait d’un avantage sentimental. La Suède compte parmi les rares grandes nations des sports de neige et de glace à n’avoir encore jamais organisé les Jeux d’hiver. L’Italie les a accueillis à deux reprises, en 1956 à Cortina d’Ampezzo, puis en 2006 à Turin.