La liste s’allonge. Un nouveau nom est venu rejoindre les rangs déjà généreusement fournis des dirigeants dans le viseur de la justice. Il est malgache. Et pèse d’un certains poids dans le mouvement sportif, puisqu’il préside la Confédération africaine de football.
Ahmad Ahmad, 59 ans, le président de la CAF, a été interpellé jeudi 6 juin, en début de matinée, par la police française à son hôtel parisien. Présent dans la capitale à l’occasion du congrès de la FIFA, il a été entendu par les services de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, dans le cadre d’une affaire de corruption sur un contrat avec un équipementier.
Selon les informations de Jeune Afrique, son interpellation serait liée à la rupture unilatérale par la CAF de son contrat avec l’équipementier allemand Puma. A l’initiative du dirigeant malgache, l’organisation africaine aurait fait affaire avec une société française, Tactical Steel, basée à La Seyne-sur-Mer.
Sur le moment, Ahmad Ahmad avait juré ses grands dieux avoir pris la décision de « façon collégiale et transparente. » Mais l’ex secrétaire général de la CAF, Amr Fahmy, assure que le contrat aurait été favorisé par la proximité entre Ahmad Ahmad et un des dirigeants de l’entreprise française. Il assure également que son surcoût atteindrait 830.000 dollars.
L’affaire remonte à plusieurs mois. En mars dernier, Amr Fahmy, aujourd’hui licencié de son poste de secrétaire général, a envoyé au comité d’éthique de la FIFA un document compilant les nombreux dérapages de son président.
Il accuse Ahmad Ahmad de lui avoir ordonné de verser 20.000 dollars de dessous de table sur les comptes de présidents de fédérations africaines de football.
Le même document révèle que le dirigeant malgache aurait harcelé quatre femmes employées par la CAF. Il pointe la décision prise par Ahmad Ahmad d’augmenter la représentation marocaine au sein de l’institution continentale, au mépris des statuts de l’organisation.
Enfin, Ahmad Ahmad aurait dépensé plus de 400.000 dollars sur les fonds de la CAF dans l’achat de voitures, en Égypte et à Madagascar, où un bureau satellite a été mis en place spécialement à son intention.
La FIFA n’a pas tardé à réagir. L’organisation présidée par Gianni Infantino a publié un communiqué, jeudi après-midi, où elle explique n’être « pas au courant des détails de cette enquête et n’être donc pas en mesure de faire de commentaire ». Elle rappelle également que toute personne a droit à la présomption d’innocence.
Mais le même communiqué insiste : « Comme le président de la FIFA l’a réaffirmé hier, la FIFA est fermement résolue à éradiquer toutes les formes d’actes répréhensibles à tous les niveaux du football. Toute personne reconnue coupable d’actes illicites ou illégaux n’a pas sa place dans le football. »
L’avenir d’Ahmad Ahmad à la tête du football africain ne tient sans doute plus qu’à un fil.